Rencontre nocturne

Dommage, dit-il, dans un air faussement déçu.

Il était plus rassuré qu’autre chose en fait. La possibilité de tomber nez à nez avec un cracheur de feu immense était désormais réduite à néant. Par contre, il était déçu pour les morts. Il en déduit d’ailleurs que les fantômes ne devaient pas exister non plus.

Le feu ? Original. Enfin je veux dire, on ne le penserait pas. Surtout pour un vampire qui l’utilise, d’ailleurs. Tu pourrais mourir dans un accident, non ? Serait assez stupide quand même non ?

Il déglutit, puis continua :

Et puis, pourquoi est-ce que tu es obligé de tuer le mort-vivant ? Je veux dire, tu ne peux pas … l’utiliser ? Pour faire, je ne sais pas, le sale boulot ? Je veux dire, il est, euh … réveillé, donc autant en profiter ? Enfin après, j’y connais rien moi, en mort-vivant.

Il réfléchit un instant, puis dit :

Et puis oui, je veux bien que tu me montre comment on fait, pour les pouvoirs. Mais, juste à titre indicatif hein ! Et puis si tu pouvais ne pas me cramer, j’apprécierais, beaucoup même.

Il ajouta ces derniers mots en souriant, mais c’était tout de même la vérité. Finir carbonisé ne devait pas être génial. Finir non plus, en fait. Embêté, il reperit tout de même en disant :

T’es sur que ça n’existe pas, les dragons ? Ca a existé, peut être ? Non parce qu’on est jamais sur, hein.

Désolé, mais tout ça est totalement nouveau, et ça attise trop ma curiosité, tu comprends ? Désolé si je t’harcèle

Et donc les dragons existaient bel et bien, songea-t-il, et tout autant que les loups-garous. Et cette histoire de terres inexplorées l’intriguait, mais il garda ses questions pour lui, de peur de trop l’ennuyer, même si elle lui avait fait comprendre que ça ne la dérangeait pas. Enfin ses questions sur les terres inexplorées. Se ravisant, il dit :

Et, tu sais, pour les pouvoirs, laisse tomber hein. Je n’ai, finalement, vraiment pas envie. Ne le prend pas mal, mais ça ne m’attire pas, du tout. C’était juste de la curiosité un peu malsaine, je pense. Je n’aurais pas dut en parler.

Il toussota, avant de continuer :

Euh, dis-moi, en ce qui te concerne toi, tu n’as jamais regrettée d’être devenue un vampire ? Ou est-ce que tu ne voudrais absolument pas changer, et que ceci est ce qui te convient ? Parce que vu comme tu es partit, tu va vivre plutôt longtemps, autant que ce soit sans regret hein ?

Il attrapa sa guitare, qui avait été laissé à même le sol, et la posa sur ses genoux, sans aucune volonté d’en jouer. Il voulait juste éviter de l’abimer, quand même. Il réfléchit un instant, puis ajouta, d’un ton plus joyeux, en souriant :

Et merci de ne pas abimer ma « belle gueule », j’y tiens, je te remercie, c’est sympa. Et aussi, les vampires … Ils ont tous des noms aussi originaux que le tiens ou c’est juste toi ?

Ce qu'il ajouta pour la taquiner

Eh ho, Tuomas c’est plus commun que Desdemona. Enfin, chez les viking. Enfin, je crois. Enfin, voilà quoi. En même temps, je préfère aussi beaucoup Des’ à Julie ou Laure. Disons que ça rend, un peu plus …. Un peu plus quoi. Mais c’est cool !

Il sourit et reprit :

Ca à l’air d’être quelqu’un de bien, ton cousin, même si je ne le connais pas. Et euh, c’est peut être une question bête, mais … Puisqu’avoir une relation saine avec un humain est quasi-impossible, pourquoi ne pas le faire avec un vampire ? Enfin, quelqu’un a qui tu n’es pas obligé de mentir ? Non ?

Il réfléchit un instant, puis dit :

Non. Pour les pouvoirs, merci, mais non. Je préfère encore me faire cramer vif je crois. Après réflexion, du moins. En fait, c’est un peu comme pour toi. Comment est-ce que je peux vivre une vie normale, entre guillemet, si je dois cacher des choses aussi énormes ? Mais, c’est très gentil à toi.

Il se passa la main dans les cheveux, puis dit, un peu gêné :

Justifié, tu crois vraiment ?

Alors qu’il s’aperçut qu’il aurait mieux fait de se taire, il ajouta, en souriant :

Et tu sais ce qu’elle te dit, la p’tite tête ?

Tuomas sourit vaguement en pensant maintenant qu’il était dans un établissement contrôlé par un vampire. Et pas sympa. Sauf avec Des’. C’est mieux que rien. Et puis, de toute façon, il suffit de se tenir tranquille. Après tout, il n’avait pas l’habitude de se faire remarquer. Jusqu’à maintenant. Malgré tout, il maintenait un sourire sur ses lèvres, optimiste. Pour l’instant, il n’y avait aucun danger. Il se décida à parler, tout en gardant son sourire :

Ma petite tête n’a pas l’habitude de parler autant, alors elle est toute chamboulé, excuse la. Je n’ai pas l’habitude de passer plus de dix minutes avec une personne. Enfin je crois.

Il reprit un ton sérieux, pour dire :

Hors de question. Je ne pourrais rien lui cacher, à cette fameuse fille, quelle qu’elle soit. Ce serait … Je ne sais pas. Donc pour l’instant, je décline ton invitation, tout de même. Même si je t’avoue que j’en ai un peu envie.

Il reprit son sourire, et regarda ses chaussures. Il réfléchissait. Il était vrai que l’offre était attirante, mais il ne voulait pas changer. Surement pas. Mais Des’ insistait tant qu’il était sur le point d’accepter juste pour lui faire plaisir. Etrangement, il aimait quand elle souriait, et ne voulais surtout pas la revoir dans tous les états dans lesquels il l’avait vu. Il voulait juste qu’elle garde son sourire. IL dit juste, en regardant toujours ses chaussures :

Tu sais, je te remercie. De me dire ça à moi. Même si je n’ai toujours pas vraiment saisi pourquoi. Mais ça importe peu n’est-ce pas ? Merci, en tout cas. Même si sa signe mon arrête de mort.

Il sourit encore plus en disant cela, mais non pas de satisfaction. Il dit alors :

Et toi ? Tu n’as plus de question ? Il semblerait que j’ai eu le monopole

Ce que je pense de ton histoire ?

Il était confus, il ne s’attendait pas à cette question. Peut être qu’elle pensait encore qu’il ne la croyait pas. Ne comprenant toujours pas, il décida juste d’être franc :

Eh bien, disons qu’elle est incroyable. Presque. Et qu’en temps normal, je ne t’aurais pas cru. Pas si tu m’avais apporté les preuves irréfutable. Et crois bien que je me rends compte de la chance que j’aie de pouvoir parler, et juste connaitre, un vampire. Même si, d’après ce que tu m’as fait comprendre, ce ne sera pas sans conséquence, pour toi comme pour moi, j’en suis content. Ensuite, il est vrai que je n’aime pas vraiment jouer à des jeux dangereux, mais pour une fois, j’ai eu envie d’aller plus loin. Et c’est pour ça que je ne me suis pas barré en courant, bien que j’en aie eu une forte envie à un moment donné. Mais bon, il est vrai que tout ceci est nouveau pour moi, et donc que je suis encore un peu chamboulé. Imagine toi avoir un truc que tu croyais impossible venir te parler, c’est assez … Bizarre. Au début du moins, car c’est juste la curiosité qui me prend maintenant. Tu m’as montré un nouveau monde, qui me parait aussi extraordinaire que dangereux. Et tout ça en une soirée. Et en plus, les dragons ont existé ! Tout ça, c’est beaucoup. Mais, pour en revenir au sujet, ce que j’en pense réellement, c’est que j’en ai tout de même un peu peur. Qui n’aurait pas peur d’ailleurs ? Mais l’avenir nous dira si mes craintes étaient fondées ou pas, n’est-ce pas ?

Il marqua un temps d’arrêt, reprit son souffle, puis dit :

Ensuite, ton cousin, eh bien, que dire ? Comme c’est ton cousin, j’imagine qu’il est comme toi, un vampire, non ? Après, peut être que je me trompe, mais je en pense pas. Mais pour le reste, je ne le connais absolument pas. Je ne pourrais pas te dire ce que je pense de lui, même si je pense qu’un établissement contrôlé par un vampire, ça semble louche quand même, non ? Enfin, je ne sais pas, mais bon. Savoir que les vampires aiment chasser l’humain, et qu’un vampire dirige tout ici, ça ne met pas en confiance. Mais comme c’est ton cousin, je n’en sais rien, sinon qu’il a un nom aussi original que toi ! Je plaisante, mais bon. Si tu dis que c’est quelqu’un de bien, je veux bien te croire sur parole, même si je reste méfiant. Tu ne m’en veux pas, j’espère ?

Il s’arrêta, puis dit, plus doucement :

J’espère tout de même que je ne fonce pas dans le mur. Et j’espère aussi que je ne t’y emmène pas non plus.

Il releva la tête, sourit, et dit :

Ça répond à ta question ?

Ah, autant pour moi alors. Je m’étais dit qu’il était un vampire, comme il était de ta famille, toutes mes excuses. Et puis en plus, arf. J’ai eu faux sur toute la ligne.

Il était un peu honteux d’avoir fait un jugement erroné. Il devait devenir un peu trop paranoïaque. Il décida alors d’enchainer, pour dissiper son malaise :

Et bien, en ce qui concerne mes amis proches … Pas tant que ça, en fait. Tu sais, quand tu es dans un orphelinat, et que tu va dans une famille, puis dans une autre, puis tu reviens à l’orphelinat, et tu enchaine comme ça longtemps. Tu reste dans une famille une semaine, grand maximum. Tu n’as pas vraiment le temps d’avoir des amis. Et puis, tu as finalement quelqu’un de gentil et d’affectueux qui vient et qui t’élève. Moi ça a été un couple qui n’avait pas la possibilité d’avoir d’enfant, mais ça aurait put être n’importe qui. Tu apprends à les connaître, et puis tu finis, comme n’importe qui, dans une école. Là, j’ai du travailler énormément, car j’avais de grosses lacunes. Et puis, je me suis retrouvé ici. A force de travailler, j’ai acquis une certaine maitrise, mais, du coup, je n’ai vraiment eu d’ami proche. Et puis, ça ne me dérangeait pas vraiment. Attention, je ne dis pas que j’ai été tout seul tout le temps. J’avais des amis, mais disons que je n’ai jamais eu quelqu’un de très proche. Je n’en avais pas besoin. Et c’est pareil pour les filles. J’ai eu une ou deux aventures, sans suite. Et, à vrai dire, mon père voyait cela comme une distraction plus qu’autre chose. Il donnait une priorité absolue au travail. Et c’est grâce à ça que j’ai put avancer. C’était un homme extraordinaire … Mais je m’égare, je crois. Comme je disais, les seules personnes à qui je me confiait, c’était mes parents. Enfin, adoptifs, mais bon. C’est comme pour ton cousin, disons. Tu vois, on avait une relation normale pour des parents et leur enfant, mais c’était tout de même différent. On savait ce qu’on était, et ce qu’on n’était pas. Et c’est une relation, qui, finalement, est excellente. Et donc, je n’ai jamais eu besoin de quelqu’un d’autre, à qui me confier. Je n’avais pas de meilleur ami. J’avais juste ceux à qui j’aimais parler, et mes parents. Etrange, non ? Ah, et puis ma guitare. Mais ça, ça va dans une catégorie à part, je crois. Enfin bref, je crois que c’est tout. Je n’ai pas vraiment eu une existence excitante. Enfin du moins, de ce que je me rappelle. Parce qu’avant, j’en sais rien. Et ça me fait aussi peur que ce que tu as put me dire. Alors t’imagine !

Il s’arrêta un instant. Comme il l’avait dit, il ne se s’était jamais confier à qui que ce soit en dehors de ses parents. Alors pourquoi le faisait-il maintenant ? Il se trouva vraiment étrange, et ce n’était pas la première fois dans cette soirée. Et puis après tout, Des’ n’était pas vraiment quelqu’un de normal, alors pourquoi pas ? Il y avait quelque chose de bizarre entre eux, et ce n’était pas la première fois qu’il le remarquait, même si il avait eu tendance à oublier l’effet qu’elle avait sur lui. Il continua néanmoins, en ajoutant :

Tu sais, pour ces pouvoirs je euh … Je ne sais pas. Tu sais, j’aimerais quand même y réfléchir quelques temps, d’accord ? Par contre toi, je t’avoue que tu es têtu comme une mule !

Eh bien, il semblerait que les points communs s’accumulent, n’est-ce pas ? Et puis je …

Il ne put finir sa phrase, prit par une quinte de toux. Et puis une autre. Il s’arrêta un instant, une main sur le ventre, et l’autre devant la bouche. Puis après un instant, il releva la tête, comme naturellement. Il regarda son interlocutrice d’un air interrogateur pendant un instant, puis sourit, et rigola un instant. Il roula les yeux en levant les paumes vers le ciel. Finalement, il reprit sa position, regardant Desdemona. Sa bouche se tordit quelque peu, comme si il réfléchissait. Puis, en fin de compte, il dit, d’un ton un moqueur :

C’est trop mignon ! On parle des papas-mamans qui nous abandonnent, c’est trop triste. J’en suis ému aux larmes ! Regarde, je pleure !

Il tenta vaguement de faire percer une larme de ses yeux, mais sans succès. Il avait plus l’air ridicule qu’autre chose. Il se reprit, et continua, en ajoutant :

Oh puis, cette histoire de pouvoir, ça à l’air plutôt génial ! Tu ne veux pas m’apprendre à carboniser les gens ? Ca à l’air franchement drôle ! Je sens que je vais vachement m’éclater avec tes trucs !

Voyant qu’elle le regardait d’un air assez hostile, il haussa les épaules, d’un air innocent, en disant, comme résigné :

Okay, t’as gagné, c’est moi ! Contente de me revoir non ? Je savais bien que tu m’adorais ! Alors, pour ses pouvoirs ? Et tu ne peux pas me faire arrêter le temps, aussi ? Et voler ? Et devenir invisible ?

Il s’arrêta un instant, puis dit :

Oh et puis, si tu pouvais arrêter Johann, je n’aime pas trop. C’était le nom d’un des fous de mon étage. Une personne très porté sur le viol. Autant te dire qu’on courait quand il s’amenait à la douche ! Roh, je plaisante ! Tu n’as aucun humour ? Tu rigolais bien, tout à l’heure ! TU préfère l’humour tout gentil-tout mignon ? Enfin, tout ça pour dire, moi, ça reste quand même Tuomas. Tu peux n’appeler N°1, si tu veux, je veux bien. Mais rien d’autre.

Un sourire aussi prétentieux que stupide s’afficha sur ses joues, tandis qu’il ajouta :

Et donc, sa t’intéresse, de savoir si j’ai une petite amie ? Mmmmmmh.

Oh, je suis navré ! Tu ne peux pas t’imaginer à quel point ! Mais bon, puisque tu m’apprécie, moi, je reste hein ! Et si tu m’appelais juste par mon nom, non ? Après tout, si mes vieux m’en ont donné un, autant qu’il serve.

Il s’arrêta un instant, et regarda autour de lui. Il renifla un instant l’air, puis dit :

Ca sent bizarre ici, non ? Ah ben tiens, au fait !

Il agrippa le paquet de cigarettes laissé à l’abandon entre-deux, et en sortit une. Il retourna le paquet, et en sortit, non sans difficulté, le briquet. Il l’alluma, et en en profita un instant. Il remit tout en place, presque correctement, et dit :

Oui, maintenant, je sais ou ce trouve ce satané briquet. La mémoire me revient un peu. Enfin, ma mémoire de quand j’étais absent. Dommage que ça n’aille que dans un sens, n’est-ce pas ? L’autre se souviendrait de tout ce qu’il a fait. Bon, avec mon aide. Mais c’est un petit détail. N’est-ce pas ?

Il sourit de toutes ses dents en recrachant, presque involontairement, un peu de fumée au visage de son interlocutrice, bien que celle-ci ne dise pas un mot. Il semblait un peu déçu qu’elle ne réagisse pas beaucoup. Peut être gardait-elle sa colère pour plus tard ? C’était toujours plus sympa quand les gens s’énervent. Histoire de les faire sortir de leurs gonds. Ca fait du bien pour tout le monde ! Il continua, sa cigarette entre ses doigts :

Mais, tu sais … Le boulet, ou la plaie, passe encore. Disons que c’est ton point de vue vis-à-vis de ma présence. Ce que je trouve assez drôle, d’ailleurs. Mais ce faire traiter de parasite par une vampire, ça parait assez … contradictoire. Surtout si cette même vampire a des pouvoirs ! Si on a brulé des sorciers, ce n’est pas pour rien, hein. Alors, le parasite … Eh bien, quoi ?

Il avait cru noté un changement d’attitude chez la vampire à ses côtés. Il ignorait s’il avait put la blesser. S’il l’avait fait, sans le vouloir, et sans le faire exprès, il était vraiment un génie, à ses propres yeux ! Mais il ne savait pas vraiment, et donc il ne s’avançait pas. Si seulement il pouvait se souvenir. Mais, ne se rappelant que quelques brides de ce qui s’était passé après et avant son intervention de tout à l’heure, il avait du mal à faire la part des choses. Et trouver ce briquet était en soi un exploit ! Il décidant donc d’être franc, pour la dernière fois, étant donné qu’on s’amusait plus en mentant :

Ma vie sentimentale ? Nulle ! Zéro ! Nothing ! Mais cela uniquement pour ce que je sais, c’est dire dans mon petit hôpital adoré ! Dans un hôpital psychiatrique, c’est assez dur, quand même. Et puis, j’étais tout petit ! Alors quand t’es un môme dans un hôpital dans ce genre, autant te dire que ce n’est pas la joie ! Mais bon, j’ai écopé, pour ce que j’ai fait. Mais, tu sais …

Il prit une petite inspiration, avant de continuer, et dit :

Si tu devais apprendre la magie à l’une de mes facettes, disons le ainsi, celle à qui tu parle est la plus approprié. Disons que, pour l’autre facette, elle est trop timide et peureuse pour le vouloir. Alors que moi …

Un grand sourire étira ses lèvres, même s’il se doutait déjà de la réponse

Le choc l’avait ébranlé, de plus qu’il ne s’y attendait pas du tout. D’autant plus qu’il avait été projeté à une certaine vitesse. La rencontre avec le béton avait été rude. Il se sentit tousser, et sentit des gouttes sur ses doigts. Il toussait du sang. Il grimaça. Son dos le lançait, et sa tête tournait. Lorsqu’il se toucha l’arrière du crane, sa main se couvrit du sang chaud. Il dut s’ouvrir un peu sous le choc. Il n’entendit pas ce que Des’ lui dit, et puis il en voulait pas l’entendre. Il se rendait compte qu’il avait joué à un jeu un peu trop dangereux. Si le muret n’avait pas été la, il serait peut être passé par-dessus bord. Et il n’avait pas envie de mourir. Il voulut se lever et partir en courant, la laissant là, mais lorsqu’il essaya, il ressentit une forte douleur dans le dos, qui lui arracha un court cri de douleur, et l’immobilisa au sol. Il se passa la main derrière le dos, et resta immobile. Il se doutait qu’elle pouvait le soigner, mais il était sur qu’elle le laisserait un peu souffrir pour le plaisir. Il avait vraiment du dire une connerie. Elle était en face de lui, mais il évitait son regard. Il inspirait longuement, et ferma les yeux. Peu à peu, la douleur disparut, mais il sut qu’il ne devait plus bouger, ou un minimum, qu’il ne voulait pas que la douleur revienne. Il se promit intérieurement qu’il ne toucherait plus jamais de près ou de loin à la magie. Enfin, cette partie de lui se le jura. En espérant qu’il reste conscient assez longtemps. Parce que c’était très loin d’être sur. Il cracha à nouveau du sang, et se demanda quand est-ce qu’elle arrêtera son calvaire. Surtout qu’il allait laisser son sang partout sur le toit. Peut être ne savait-elle-même plus à quelle facette de sa personnalité elle parlait ? Il se dit qu’il pourrait essayer de jouer la comédie, mais cela ne réussirait qu’à … à rien du tout en fait. Elle n’était pas si dupe, du moins le pensait-il à présent. Il hasarda quelques mots, tentant de faire le moins de mouvement possible, et en gardant toujours les yeux fermés :

Ca y est je suis K-O, t’es contente j’espère ?

Elle ne répondit pas, ou il n’entendit pas sa réponse. Il avait mal à la tête, et peut être avait-il du mal à la comprendre. Ou alors elle n’avait juste rien répondu. Et elle devait continuer à savourer sa douleur. Ou pas. Ou peut être essayait-elle de lui faire comprendre que la magie n’était pas pour lui. Ca, il l’avait compris. Malheureusement, si l’autre s’y aventurait, il ne pourrait rien y faire. Il devait trouver un moyen de se prévenir lui-même, mais il ne sut pas comment sans alerter la vampire qui devait l’observer avec de grands yeux. Il sentait son souffle sur son visage. Il eut un spasme et la douleur le reprit. Mais il resta silencieux, seul son visage trahissait sa douleur. Celle-ci passé, il dit, à nouveau :

Bon, je ne sais pas si tu as remarqué, mais j’ai mal. Et si je garde des séquelles, je ne serais pas le seul, si tu vois ce que je veux dire. Si j’ai dit une énormité, désolé, ok ? C’est bon là ? Je suis désolé. Désolé !

Il ouvrit les yeux, mais sa vision resta floue. Il lui semblait que c’était étrange, mais referma juste les yeux, attendant que ça passe.

Il tenta de réfléchir mais il avait du mal. Non pas qu’il avait encore mal au crane, il semblait que les pouvoirs que cette jeune femme étaient sait limite. Et c’était justement pour ça qu’il n’arrivait pas à réfléchir. Mais soudain, une seule de ces paroles lui revint. Il se demanda si c’était possible. Si c’était vraiment possible. S’il était assez bête pour avoir fait ça. Et sur le coup, il blêmit. Et il sourit de toutes ses dents, intérieurement, du moins. Il ne devait rien laisser paraître à cette chère Desdemona. Et il finit par comprendre aussi qu’elle voulait juste l’aider, enfin celui qu’elle appelait Tuomas, bien qu’elle continu à faire la différence entre eux deux. Et en plus, c’est grâce à ça qu’il était encore en vie. Pour la première fois, il remercia intérieurement le Doc’. Pour la seule fois. Soudain, il remarqua que sa main tremblait encore. Du choc, cela va sans dire. A nouveau, il inspira profondément, puis dit, toute forme d’ironie, d’arrogance, ou de quoi que ce soit d’autre dans ce genre ayant disparut :

Qu’est-ce que tu crois ? Que je vais te laisser faire ? J’ignore tes intentions, mais je ne suis pas dupe. Plus dupe, si tu préfère. Tu crois sérieusement que, de un, je vais te dire ce qui a causé tout ce bordel, ce qui risque de littéralement me tué. Et de deux, tu crois sérieusement que je vais me laisser utiliser ? Finalement, ce que tu as dit tout à l’heure était peut être loin d’être faux. Je ne vais pas le cacher, tes pouvoirs semblent très puissants. Peut être est-ce une impression, mais je ne veux pas le savoir. Alors tu sais ce qu’on va faire ?

Il tira nerveusement sur sa cigarette, et dit :

Je ne veux pas te revoir, d’accord ? Je vais attendre un peu, histoire de me rétablir complètement de ta … sorcellerie. Ensuite je vais partir. Et je ne veux pas que tu me revois. Quelque soit le moi que tu croiseras. Les effets des médicaments s’estompent, et je n’aurais bientôt plus aucun problème pour me souvenir de tout ce que je dirais pendant mes absences. Car, croit le ou pas, le Tuomas d’avant, bien qu’il soit peu âgé était un mélange de nous deux. Ni plus l’un, ni plus l’autre. Alors je suis autant Tuomas que lui. Et ne compte pas sur moi pour te révéler ce qui s’est passé. C’est la seule chose qui m’assure que tu ne forceras pas à prendre ces médoc’s.

Il s’arrêta un instant, puis dit :

Ah, et une dernière chose. Ne crois pas que me frapper servira à quelque chose. Cela ne servira à rien. Mes changements d’attitude se font, je crois, au hasard. Ou du moins, j’ignore comment mon esprit dérangé fonctionne. Et je sais que la violence ne sert à rien.

Il tenta alors de se relever et partir, en ajoutant une sorte de geste théâtrale pour sa sortie. Les muscles de ses jambes flanchèrent et il ne réussit qu’à retomber sur le sol. Il regarda ses pieds, honteux, et se tut. Il récapitula les faits : il valait certainement mieux que l’autre ! A cause de lui, il se retrouvait coincé avec une vampire magicienne qui ne l’aime pas du tout. Soudain, il sentit une étrange quinte le saisir. Il résista, et ce fut finit. Et il jura à voix haute, et une larme coula le long de sa joue. Il la cacha, en espérant qu’elle n’ait rien vu. Il avait peur de … non, il était terrorisé. Bien qu’il tente de se cacher derrière une vaine arrogance, il avait présent peur pour sa vie. Et peur de mourir alors que l’autre le contrôlerait. Et ça, il ne voulait pas. Jamais. Il n’avait jamais été comme ça auparavant. Il laissa tomber sa cigarette, et sans le vouloir, il dit, tout doucement :

Je l’ai tuée …

Promet moi. Promet moi ne de rien me redire. Ou plutôt, puisque tu fais la distinction, promet de ne rien dire à Tuomas. Ca va le tuer. Et crois moi, je ne mens pas.

Cette fois ci, la toux le pris trop rapidement, et il ne put la contenir. Il finit par se calmer, et se sentit partir. Il dit, ou essayas, en désespoir de cause :

Elle … elle s’appelait … Anna et c'était ...

Mais il ne put ajouter un mot. Il se sentit partir en arrière, bien que son corps restât immobile. A nouveau, il sentit cette douce sensation de paix qui l’immergea sans qu’il n’y puisse rien. Il eut l’impression de voyager dans le temps et l’espace, d’être en paix. Il eut l’impression de bruler, puis de geler. La chaleur l’immola, et il eut l’impression de s’endormir. A son habitude, il n’y résista pas, car il sut qu’il ne pourrait rien faire. Puis, comme né à nouveau, il reprit le contrôle de son corps. Mais son esprit en était ressortit changé, transformer. Et à nouveau, celui que Desdemona nommait Tuomas émergea, toujours secouer par la toux. Tout ceci n’avait duré qu’un millième de seconde. Il s’arrêta de tousser, et eut l’impression, à nouveau, d’être projeté dans le passé, ou il entendait, mais ne voyait pas, ou peu, ce qui avait été fait lors de son « absence ». Il ressentit le choc, et tressaillit, au fond de lui-même. Il revécu la douleur. Il écouta les paroles qu’avait prononcé Des’, et compris qu’il avait dut dire ce qu’il avait fait. Mais, à nouveau, il ne sut pas ce que lui-même avait dit. Finalement, il releva la tête, et, regardant Des’ dans les yeux, lui dit :

Tu n’y es pas allé de main morte. Mais merci de ne pas m’avoir tué, quand même.

Il sourit, sachant qu’elle ne l’aurait jamais fait. Il hésita un instant, puis dit :

Je suis désolé de t’imposer ceci. J’ignore à quoi je peux ressembler pendant ces crises. Est-ce que …

A nouveau, il s’arrêta, hésitant, mais dit :

Est-ce que j’ai dit quelque chose ? Qui me concerne ? Qui explique l’hôpital ? Quoi que ce soit ?

Anna ?

Il avait beau se retourner le cerveau, il ne voyait pas. Ou plutôt, il n’arrivait pas à se rappeler. Ce nom lui disait quelque chose, mais il n’arrivait pas à se souvenir quoi. Il se gratta les cheveux, signe qu’il réfléchissait en vain. En fin de compte, il demanda :

Et, tu es sure de ne rien avoir d’autre ? Parce que pour le coup, je ne vois pas. Enfin, si. Je t’avoue que ça me rappelle quelque chose. Mais impossible de savoir quoi. Alors, si il y avait autre chose … ?

Il s’arrêta un instant, puis dit :

Désolé. Tu sais, si ça t’embête, tu peux arrêter, je t’en voudrais pas. Mais c’est juste que je n’ai pas assez de précision. Désolé d’être revenu trop vite, si l’on peut dire ainsi, mais ce n’était pas vraiment ma décision.

Il s’arrêta un instant, et dit :

J’ai vraiment pleuré en pensant à ça ? Mais qu’est-ce que j’ai fait ? Je savais bien que j’avais commis une atrocité.

Même si il ignorait encore son crime, il se prit la tête entre les mains, comme regrettant une erreur dont il n’avait aucune connaissance.