Escale nocturne (suite)

Tout était tellement silencieux, pas la moindre lueur, et le froid qui régnait, Amshel ne savait plus s'il était conscient ou inconscient. Un voix le sortit alors de sa torpeur, il ne comprenait pas les mots qu'elle prononçait mais continua tout de même d'écouter, essayant de capter correctement le flot de paroles. Il parvint à se redresser, toujours dans le noir. Quelque chose de glacé le frôla alors, il se retourna mais une main vint se plaquer contre son front, elle était gelée. Apparut alors le visage de cette personne, surpris, il y reconnu le sien. Reculant de quelques pas, il se demanda s'il était en train de devenir fou. Quel était cet étrange rêve ? Son second lui posa une main sur son épaule en lui indiquant une direction du doigt, Amshel apercevait en effet un rectangle de lumière au loin, mais il ne parvenait pas à voir ce qu'il y avait en son centre. Alors, l'autre le poussa brusquement en avant, et le garçon fut aveuglé par un éclatement de lumière. Il se retrouva dans le bureau du Directeur, alors assis à son bureau, il se vit également sur un fauteuil, Desdemona sur celui d'à côté. Un peu déstabilisé d'assister extérieurement à une scène qu'il avait vécue, il observa attentivement tout ce qui l'entourait. C'était exactement comme dans ses souvenirs, il était en train de discuter matières avec Barsanuphe. Seulement, le jeune homme remarqua un détail qui n'avait pas attiré son attention au moment où tout s'était réellement produit, Monsieur Bartavelle semblait soucieux, quelque chose n'allait pas, alors qu'il pensait n'avoir eu aucun problème pendant l'entretien. Il observa pour la seconde fois Desdemona lui tomber dessus, mais de l'autre côté de la pièce cette fois-ci, un détail le frappa alors, dans l'accident, sa tasse avait fini sur le bureau, aussi pleine que lorsque le Directeur la lui avait offerte quelques minutes plus tôt. Le garçon voulut se rapprocher du bureau pour s'assurer de ce qu'il venait de voir mais tout disparut en un éclair, pour laisser place à la bibliothèque du pensionnat. Il s'observa à nouveau, plongé plus que jamais au fond d'un bouquin dont il ne connaissait pas l'auteur. Alors, levant la tête pour regarder toute la bibliothèque, il fut surpris de remarquer Desdemona, adossée à une étagère, dans un coin, en train de l'observer. La scène disparut de nouveau, laissant cette fois apparaître la salle d'art dramatique. Il était adossé au mur, inconscient semblait-il, sur le sol, Desdemona, parfaitement calme, debout, à quelques pas de lui. Il ne comprenait pas ce qui était de lui arriver ni même pourquoi il s'imaginait ainsi, c'est alors qu'il entendit sa propre voix.

Il y a quelque qui cloche dans ce pensionnat...

Pourtant, quelque chose le tracassait, quelque chose n'allait pas dans la voix qu'il venait d'entendre, il n'était plus très sûr qu'elle lui appartienne alors. Un main le bouscula et il se détourna de la scène qui disparut aussi vite que les précédentes, il se voyait alors devant lui, habillé comme le premier jour de son arrivée au pensionnat, c'est-à-dire pas très différemment de tous les jours. Il vit alors apparaître Desdemona derrière son autre lui, l'embrassant dans le cou. Il aurait pu jalouser cet effet de son imagination si du sang n'avait pas commencé à perler sur sa chemise noire, profondément choqué, il s'observa chuter sur le sol, avant de relever la tête vers la jeune fille, qui semblait très fière d'elle. Il allait se baisser pour retourner son autre lui, mais il se sentit glisser vers le bas, comme une très longue chute. Une voix retentit dans sa tête, cette fois-ci, c'était bien la sienne ou du moins le croyait-il.

~Ils ne veulent pas de toi, tu n'es rien, ne reste pas près d'eux, tu es en danger.~

L'air frais et l'éclat de la Lune lui parvinrent, semblable à un coup de poing en pleine mâchoire. Il respira un grand bol d'air, comme s'il venait de sortir la tête de l'eau après une longue apnée. Il avait été inconscient, tout ce qu'il avait vu n'était que création de son imagination qu'il ne pensait pas aussi débordante, ou alors était-il devenu complètement fou. Pourtant, le dernier mot qu'il avait entendu, « danger », résonna dans son esprit comme une alarme au loin, il avait peur. Il ouvrit les yeux et se redressa brusquement, plaçant ses bras devant lui comme pour se protéger d'une créature qui allait sortir des ombres pour l'attaquer. Il fit plusieurs tours sur lui-même pour découvrir où il était. Cela ressemblait à une grande cour, une porte plus loin, des bancs, des grilles. Tout était presque caché par l'obscurité, malgré la Lune qui brillait haut dans le ciel. Il respirait fort, il avait l'impression d'avoir couru un marathon. Prenant sa tête dans ses mains, il se remémora les scènes qu'il avait eu le loisir de 'revivre', tout cela paraissait si irréel et pourtant d'une vérité assommante, était-ce vraiment le fruit de son imagination ? Que lui arrivait-il ? Fermant les yeux, il se força à respirer plus lentement, dans l'espoir de calmer les battements de son coeur qui semblait vouloir sortir de sa poitrine.

« Il y a quelqu'un ? »

Desdemona s'était précipitée sur le toit, Amshel dans ses bras. Elle espérait ne pas l'avoir blessé durant ce trajet rapide et mouvementé. Elle espérait qu'il n'avait pas ouvert les yeux tandis qu'ils passaient de la salle d'art dramatique au toit, car s'il avait vu qu'il était porté par Desdemona à une vitesse inouïe, il aurait sans doute été un peu effrayé. Elle posa Amshel par terre et s'assit à côté de lui. Il paraissait agité et parlait dans son sommeil. Enfin, il bafouillait, plutôt.

Hmm dadadada, la tasse... pas vide... Ronfl.

Apparemment, le fait que Desdemona ait renversé son "thé" sur lui quelques temps auparavant l'avait marqué. Mais Desdemona n'en avait pas grand chose à faire, elle était perdue dans la contemplation du jeune homme endormi dont le corps se tordait dans tous les sens, tout en étant secoué de spasmes. Il devait faire un cauchemar, car de la sueur perlait sur son front et ses sourcils restaient froncés. Elle tenta de le calmer mais, comme ce fut un échec, elle attendit qu'il fut éveillé. Elle fit un tour de l'autre côté du toit, afin de fumer une cigarette en réfléchissant. Devait-elle effacer la mémoire du jeune homme et ne plus l'approcher ? Lui éviter ainsi des problèmes qu'il ne méritait pas d'avoir ? Avait-elle vraiment envie de renoncer à lui ? Mais n'était-il pas égoïste de le garder près d'elle et de lui faire prendre tous ces risques ?
Sa réflexion fut interrompue par des bruits de pas agités et par la voix d'Amshel.

Il y a quelqu'un ?

Elle se précipita vers lui et tenta de le calmer, lui caressant doucement la joue.

C'est moi, Amshel. C'est Desdemona. Tu... tu ne crains rien ici. Comment vas-tu ?

Il n'avait senti la présence de Desdemona qu'au dernier moment, à l'instant précis où sa peau avait touché la sienne. Ne s'était-il pas protégé de ses bras quelques secondes, minutes peut-être auparavant ? Avec quelle aisance était-elle donc parvenue jusqu'à lui ? Sa tête bouillonnait, la jeune fille à côté de lui, toutes ces images qui l'assaillaient sans cesse, le souvenir marquant du sang sur sa peau, et ce mot qui résonnait encore et encore, danger. Il ouvrit les yeux, elle était là, juste devant lui, un léger air inquiet sur le visage, peut-être.

C'est moi, Amshel. C'est Desdemona. Tu... tu ne crains rien ici. Comment vas-tu ?

Son ton se voulait calme et rassurant, accompagnant les caresses sur sa joue, et pourtant, il ne parvenait pas à effacer ce sentiment étouffant d’insécurité qui le tenaillait depuis son réveil, et qui s’était accentué à l’arrivée de la jeune fille. Non, il n’arrivait pas à se sortir l’image sanglante de Desdemona de la tête. Instinctivement, il porta une main à son cou, comme pour vérifier qu’il n’avait rien, et pour se protéger. Il ne savait plus quoi penser, devait-il se fier à ce qu’il avait vu, peut-être imaginé ? C’avait pourtant eu l’air tellement vrai. Le jeune homme observa Desdemona quelques secondes, imaginant un flot de sang s’échappant de sa bouche, son sang. Un frisson le parcourut. Il repensa également au bien-être qu’il avait ressenti dans les bras de ladite demoiselle plus tôt dans la soirée, deux sentiments assez contradictoires, vers quel côté se pencher ? Envie de ses bras, peur d’être blessé.

« Ca va... Bien. »

Il se frotta énergiquement la nuque, inquiet, et recula de quelques pas, essayant de respirer à nouveau calmement.

« Ça va... Bien. »

M'ouais... ça n'avait pas l'air d'aller tant que ça. Amshel avait passé la soirée en position de prédateur vis-à-vis de Desdemona, et voilà qu'il la regardait avec un air apeuré... Étrange. Que pouvait-il bien être en train de penser ? Était-il surpris de se retrouver sur le toit ou était-il juste sonné ? Se demandait-il si la jeune fille l'avait assommé ? L'avait-il entendue parler avec sa voix ?

Tu dois te demander comment t'es arrivé ici... Tu t'es évanoui, je sais pas trop pourquoi... Toujours est-il que j'ai trouvé quelqu'un qui m'a aidé à te porter jusqu'ici, je pensais que prendre l'air te ferait surement du bien.

Voyant que Amshel reculait toujours, elle prit un ton décontracté et humoristique.

Eh, Amshel, t'éloigne pas ! Je vais pas te bouffer !

En voyant le visage du jeune homme pâlir, elle regretta ces paroles.

Elle a dû penser nécessaire de lui expliquer comme est-ce qu'il était arrivé dans cet endroit qu'il ne reconnaissait pas, essayant tant bien que mal de justifier la raison de sa présence ici. Il n'y avait pas vraiment fait attention à vrai dire, mais maintenant qu'elle en parlait, il remarqua en effet un léger courant d'air et le calme du toit qu'il n'avait alors visité qu'une seule fois depuis son arrivée au pensionnat. Qui donc avait pu aider Desdemona à le porter à une heure aussi tardive, combien de temps était-il resté inconscient ? Sans trop y penser, il continuait machinalement de reculer, ce qui fit réagir la jeune fille.

Eh, Amshel, t'éloigne pas ! Je vais pas te bouffer !

]Son sang se glaça presque aussitôt, l'image de Desdemona et de son corps étalé dans une mare de sang lui donna des frissons, il eu une sorte de rictus et regarda assez froidement le visage de la jeune femme. Qui était-elle au final ? Il s'était laissé charmer beaucoup trop facilement, il se trouvait stupide, beaucoup trop idiot, il ne comprenait pas comment il avait pu se laisser faire aussi... Bêtement. Un sentiment de haine commença à naître au fond de lui, de dégoût de lui-même, et la colère arriva enfin. Soudainement, Amshel se mit à trembler, les muscles crispés, il se sentait mal à l'aise, avait besoin de bouger. Relevant la tête, son regard se posa à nouveau sur Desdemona, un air innocent sur le visage.

« Qu’est-ce que tu as fait ?! »

Amshel fut légèrement surpris du ton qu’il avait lui-même employé, mais cela ne l’empêcha pas d’avancer rapidement en direction de Desdemona. Il se rapprocha encore et s’arrêta juste devant elle, réprimant une folle envie de l’étrangler.

Le changement soudain de comportement d'Amshel surprit Desdemona. Pourquoi ce jeune homme qui lui avait "sauté dessus" une demi heure auparavant et était devenu apeuré il y avait cinq minutes prenait-il un ton si agressif maintenant ? Et pourquoi s'avançait-il vers elle avec un air si méchant ? De quoi avait bien pu rêver ce jeune homme pour en vouloir à Desdemona maintenant ? Elle n'en savait rien, et, à dire vrai, cela ne torturerait en aucun cas son esprit dans les heures prochaines. Amshel n'était pas son plus gros souci. Le prochain problème allait être Barsanuphe, et cela risquait d'être corsé. Quoique, maintenant que Amshel se comportait de cette façon, elle pourrait employer les... grands moyens pour calmer, détendre même, son cher et tendre cousin. Elle devrait très probablement s'occuper de cela le lendemain. Elle aurait bien dormi un peu mais elle se sentait obligé de ne pas laisser le schizo sur le toit. Elle n'était pas tout à fait certaine qu'il l'était mais, vu son attitude... et puis, ça ne serait pas le premier qu'elle rencontrerait. Pourquoi les garçons "bien" qu'elle trouvait à son goût étaient-ils toujours atteints de pathologies incurables ? Oh, et puis mince, elle s'en fichait. Qu'il aille se faire voir, cet abruti. Elle se tint le plus droite possible, sans bouger d'un pouce, impassible devant l'arrivée d'Amshel, qui paraissait prêt à lui sauter à la gorge.

Comment ça, qu'est-ce que j'ai fait ?

Elle resta immobile et le fixa de ses yeux violets qui commençaient à virer au pourpre tant elle était en colère contre cet insolent qui la défiait du regard.

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Spoiler:

Amshel Goldschmidt a écrit:: Il ne savait pas si c'était le but qu'il recherchait mais Desdemona exprima elle aussi une certaine colère qui décollait. De toutes façons, ça ne changeait rien, il était persuadé que quelque chose n'allait pas dans ce pensionnat, et toute cette bizarrerie commençait par cette jeune fille si étrange qu'il côtoyait. Il se rendait peu à peu compte à quel point il étouffait depuis qu'il avait intégré ces murs, comme il se sentait mal à l'aise, un sac plastique sur la tête l'empêchant de respirer. Il avait chaud, terriblement chaud, il suait, la colère était toujours là. Amshel ne savait ni trop comment ni trop pourquoi, mais sa haine se tourna un instant vers le directeur du pensionnat. Lui aussi avait certainement sa part d'étrangeté dans l'histoire. Alors, il repensa au bureau, à son entrevue avec Barsanuphe Bartavelle et à ce qu'il avait lorsqu'il était inconscient, ou plutôt, à ce qu'il avait revu. Il devait vérifier quelque chose, savoir s'il sombrait complètement dans la folie ou si au moins un seul de ses doutes était fondé. Prenant une grande inspiration, il tenta de se calmer pendant quelques secondes afin de s'adresser le moins agressivement possible à Desdemona. Mais lorsqu'il ouvrit la bouche pour la prévenir de son départ, il eut la sensation que quelqu'un d'autre était juste là, prêt à parler à sa place. Il ne contrôla pas ce sentiment d'impuissance, et assista avec effroi à des paroles qu'il n'imaginait pas.

« Je suis certain que tu es assez spéciale pour t'en rendre compte par toi-même. Si ce n'est pas le cas, tu pourras toujours demander à ton cher cousin, si tu as bien sûr l'usage de ta langue à ce moment là pour le lui demander. »

Ton ironique, sourire aux lèvres, Amshel se dirigea rapidement vers la porte qui menait aux étages inférieurs. Il sentait une force naître en lui, il n'était plus sûr de contrôler ses mouvements ni même ses pensées, mais il était satisfait sans trop savoir pourquoi alors, il ne résista pas au chemin que prenaient ses pas. Des couloirs et des escaliers qui se ressemblaient, mais le garçon arriva enfin au premier lieu qu'il avait découvert à son arrivée. Quelque part derrière lui, la grande porte qui menait vers l'extérieur, un peu plus loin devant lui, la porte du bureau de Barsanuphe Bartavelle. Il ne savait pas trop comment s'y prendre, mais il était décidé, il devait l'ouvrir. Cependant, le sentiment d'être observé força le jeune homme à se retourner pour apercevoir une ombre qui disparaissait par la grande porte alors entrouverte. Piqué par la curiosité, il ne résista pas à l'envie de sortir à l'extérieur pour tenter de voir qui était là. Une fois dehors, ce fut presque la même chose, Amshel n'arrivait à voir qu'une silhouette méconnaissable, qu'il parvint quand même à suivre dans la nuit. Il dut escalader les grilles de la propriété au bout de quelques pas, il ne s'intéressa pas une seule seconde à ce qui pourrait se passer s'il quittait le pensionnat en pleine nuit, tout ce qui lui importait, c'était de suivre cette ombre. Elle était silencieuse alors qu'on pouvait entendre les pas du jeune homme sur la terre et les branches qui traînaient, peut-être était-il en train de rêver, inconscient, adossé à un des murs du pensionnat. Amshel arriva à la lisière de la forêt, la Lune brillait haut dans le ciel, se reflétant dans ce qui semblait être un lac. Le jeune homme ne connaissait pas encore cette partie de l'Île, étant resté au pensionnat depuis son arrivée. Froissé d'avoir perdu de vue l'ombre qu'il suivait depuis ces fameuses grilles, le garçon s'approcha de l'eau pour s'asseoir juste au bord et souffler un peu. Il ferma les yeux, s'allongea sur le dos et respira lentement, jouissant du calme et de la fraîcheur de l'air. Cependant, la chaleur et le sentiment d'insécurité le firent se redresser pour assister avec surprise à un spectacle à peine croyable. Toute l'étendue d'eau devant lui était maintenant recouverte de flammes qui dansaient au gré du vent qui se levait doucement. Et comme si la surprise n'était pas suffisante, le centre du lac éclata dans un grand bruit assez étrange, sauf qu'à la place de vagues d'eau, ce furent des vagues de flammes qu'Amshel se prit de plein fouet.

Elle l'aurait tué, à cet instant. Elle avait une envie profonde de le décharner, de le mutiler, de l'étrangler puis de l'éventrer. De boire son sang ensuite. Pour qui se prenait-il, à lui parler comme si elle était la fille de joie de la ville ? Cet espèce de petit enfoiré méritait qu'elle le frappe, qu'elle lui arrache le cœur avec pour seule arme ses ongles et qu'elle lui fasse avaler ensuite. Mais elle n'eut le temps de rien faire, car tandis qu'elle cherchait quel moyen elle devait choisir pour le tuer, il s'était en allé. Elle le chercha des yeux lorsqu'elle aperçut sa silhouette au bord du lac, en feu, qui fut soudain engloutie par les flammes. Les humains sont fragiles. Trop fragiles. Il était mort, elle le savait. Elle aurait dû ne pas s'en soucier, pourtant des larmes roulèrent sur ses joues tandis qu'elle tombait à genoux. Des sanglots l'envahissaient, et son corps était pris de convulsions. Elle ne se contrôlait plus, pour la première fois de sa vie. Elle ne savait pas si c'était le choc, ou si elle croyait au fond d'elle que sa volonté de le tuer, qu'elle n'aurait jamais mise en pratique, l'avait poussé dans ce raz-de-marée orangé, que sa simple volonté avait agit sur le destin, si destin il y avait. Secouée de convulsion, le visage inondée de larmes, Desdemona comprit pourquoi elle était dans cet état. Ce qu'elle avait vécu avec ce garçon avait été court, et les instants de "bonheur" encore plus. Mais cette soirée avait été intense, plus que tout ce qu'elle avait vécu auparavant. Et c'est comme ça que Desdemona avait toujours voulu vivre... intensément. Mais ce n'était peut-être plus possible, désormais. Y avait-il un autre Amshel, quelque part ? Elle en doutait fortement. Alors sa vie allait reprendre un cours normal, et cette soirée, qui aurait pu donner lieu à quelque chose d'autre, n'était désormais qu'un insignifiant rebondissement dans l'histoire de sa vie. Insignifiant, peut-être, mais tellement agréable...

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