L'Autre Côté du Miroir
L'Autre Côté du Miroir
L'Autre Côté du Miroir
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Et si nous commencions par Il était une fois ... ? Bienvenue au Pensionnat des délices!
 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : ...
Voir le deal

 

 C'était donc ça... [ouvert]

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Cael D'Eza
Habitant(e) de L'Île
Cael D'Eza


Messages : 32
Date d'inscription : 05/09/2009

Feuille de personnage
Sexe: Homme
Orientation Sexuelle: Autres
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeJeu 14 Jan - 4:51

Depuis qu'il s'était réveillé dans cette chambre qu'il ne connaissait pas, Cael n'avait cessé de ruminer ce qu'il avait vécu avant de sombrer, sans raison, dans un sommeil profond. Il ne se souvenait plus très bien du temps qu'ils avaient mis pour revenir ici. Trop peu en tout cas par rapport à la distance qui séparait le pensionnat de l'orphelinat. Mais en comptant quelques minutes de trajet, il aurait dormi plus de douze heures. Ce à quoi il n'était certes pas habitué. En revanche il était reposé, totalement.
Ce qui ne l'empêchait pas de revoir le directeur recouvert de sang, la cavalcade sur le dos de la jeune fille -une vampire-, le mur de brique, la discussion entre les deux êtres. Puis cette affreuse sensation de n'avoir plus aucun contrôle de son corps. Son nez d'abord qui s'était mis à couler, puis ses muscles qui s'étaient ankylosés et la fatigue enfin qui l'avait envahi sans crier gare. Tout ça était si confus ! Et même après des heures passées à la bibliothèque, il n'avait pas trouvé une explication potable. Bien sûr il savait comment comprendre. Il savait où chercher, mais il avait peur de perdre à nouveau tout contrôle de lui-même. Le fait est qu'il n'arrivait pas à se résoudre à retourner voir Monsieur Bartavelle. Ce personnage était effrayant. Et les rares fois où il s'y était résigné, il s'était vu rejeté par Miss Tickles parce qu'il était occupé, ou carrément absent. Allait-il chercher d'autres élèves ?
Ainsi il avait dû se débrouiller seul pour s'inscrire dans les cours qui lui étaient proposé -et garder toutes ses questions pour lui. Il ne loupait aucun cours, piano, clavecin, flûte traversière, violon, chant, sculpture et peinture sur bois et argile. Loin d'exceller dans ses deux dernières matières, il se débrouillait assez bien, et avait parfois pu apercevoir le directeur, qui leur faisait profiter de son talent, à tous. Pas seulement à lui, et il ne pouvait se permettre de lui poser des questions en classe, ni même à la fin du cours à cause de ses idiots qui espéraient gagner des points en parlant de pluie et de beau temps à une personne qui était, à n'en pas douter, au-dessus de tout cela.

Les jours passaient l'un après l'autre. Et des migraines le torturaient de plus en plus souvent. Un flux continu d'émotions qui n'étaient pas les siennes le heurtait de plein fouet tout au long de la journée, de sorte qu'il n'était tranquille -et encore- que lorsqu'il était seul dans sa chambre. Parfois une émotion passait au-dessus des autres, et quand il avait cherché à en deviner la provenance, il avait surpris des joues écarlates, des regards fuyants et des sourires timides. Ce qu'il ne comprenait pas c'était pourquoi ces garçons et ces filles agissaient ainsi. Avaient-ils honte de quoi que ce soit ? Avait-il une tâche ? (chaque fois il s'en assurait, et ne trouvait rien). Là aussi il se posait beaucoup de questions. Comme quand un groupe se taisait sur son passage sans pour autant le quitter des yeux, et que le seul ami qu'il s'était fait -un garçon sincère bien qu'un peu stupide- les insultant sans gêne aucune.

Et toujours ces questions qui revenaient, n'arrangeant en rien ses migraines...

Un dimanche matin, alors que la plupart des élèves profitaient de se jour de repos pour aller en ville voir leur famille, Cael s'était levé tranquillement, bien décidé à se reposer, réellement. Il n'avait personne à aller voir, et le pensionnat presque vide, offrait une telle quiétude à son esprit qu'il ne pouvait qu'en profiter pleinement. Pas d'émotions inconnues, pas de migraine... Quel bonheur !
Il s'était vêtu simplement -par ailleurs il devrait remercier le directeur d'avoir récupéré la valise qu'il avait faite pour tromper les surveillants de l'orphelinat-, une chemise de soie blanche, un gilet à col montant en soie brodée de rayures fines noires et argentées, un pantalon noir très ajusté, et des bottines, noires également. Il avait noué un foulard de soie autour de son cou pour éviter d'attraper froid. Enfin il avait ouvert sa fenêtre et s'était posé sur le balcon pour commencer à chantonner, de son doux soprano que son professeur de chant s'amusait à qualifier de voix de castrat. Cael riait jaune à chaque fois, pourtant il faisait son possible pour ressembler à un véritable soprano, allant même jusqu'au mezzo-soprano. Sans vraiment faire attention, son chant sans queue ni tête se transforma en l'un de ses préférés...


Ombra fedele anch'io
sul margine di Lete
seguir vo' l'idol mio
che tanto adoro.

sul margine di Lete
seguir vo' l'idol mio
che tanto adoro
tanto adoro

Ombra fedele anch'io
sul margine di Lete
seguir vo' l'idol mio... !


Il s'arrêta net et regarda autour de lui. Qu'était cette émotion qui venait de le traverser ? De la curiosité ? D'où venait-elle ? Qui l'épiait ? Le jeune homme entra dans sa chambre de peur que l'on vît que cette voix n'était pas celle d'une femme...
Revenir en haut Aller en bas
Dimitry Leonid Eduard

Dimitry Leonid Eduard


Messages : 28
Date d'inscription : 14/01/2010

Feuille de personnage
Sexe:
Orientation Sexuelle:
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeVen 15 Jan - 4:35

Dimitry était rentré plus tôt que d’habitude au pensionnat. Chaque dimanche, le garçon partait à l’aube pour s’occuper un peu du petit appartement que son frère payait encore de son université, là-bas. Approximativement 18 pots – moins un qu’il avait réussit à renversé en se prenant les pieds dedans et qu’il avait rafistolé, en vain- et deux chats gris. Les chats sortaient quand bon leur semblait et il suffisait d’acheter de la nourriture pour que la voisine les nourrisse. Une vieille dame bien gentille qui ne s’était jamais plainte des gaffes du pauvre gamin. Comme d’habitude, il avait pris son vieux vélo pour s’y rendre, faisant un détour bien calculé pour passer sur la rue où demeurait sa mère, observer l’immense demeure derrière les barres de fer et d’acier puis bifurquer et prendre les ruelles jusqu’à l’appartement. Aujourd’hui, il avait réussit à s’affairer rapidement, réduisant le nombre de chutes et d’accidents au nombre de 8.
Le cœur léger, il s’était rendu au pensionnant en souriant, glissant dans son sac la première lettre que son frangin lui faisait parvenir de son lointain là-bas. Dimitry avait préféré attendre d’être dans sa chambre pour la lire, même si il l’avait déjà ouvert pour en avoir un aperçut entre deux humidifications végétales. Avant de partir, le jeune homme avait glissé les pages dans son livre de science et avait repris la route.
Une fois dans l’enceinte du pensionnat, il avait abandonné sa bicyclette à l’entrée et se précipita vers les dortoirs – profitant du fait qu’il n’y avait personne dehors pour courir sans risquer de foncer dans quelqu’un.- Un virage, un autre, son pied se coinça dans le pli de son genou et se fut la dégringolade. En un pied de nez, il se retrouva au sol à mordre la poussière. Son sac, qui n’était pas bien fermé s’ouvrit à la volée et l’intégralité de son contenu roula sur le sol. Dimitry ramassa ses affaires en vitesse mais une bourrasque de vent souffla sans ménagement en emportant avec lui la lettre de son frère – qui devait faire au moins quatre pages-. Sans se soucier de son sac plus longtemps, l’adolescent se lança à la poursuite du précieux manuscrit. Une feuille dans une flaque de boue, une autre dans les buissons, l’autre semblait avoir disparue. Poursuivant sa recherche parmi les branchages, une voix lui parvint d’en haut. Une douce mélopée, qui ne lui disait rien, mais dont la beauté était certaine. Dimitry ne connaissait pas la langue, mais il croyait l’avoir déjà entendue quelque part. Où? Aucune idée, peut-être que la chanteuse pourrait le renseigner. Calmement, il avança en quête de la personne à qui appartenait cette voix, alors qu’il parvint enfin à trouver la bonne fenêtre, il ne put qu’apercevoir une silhouette s’enfuir vers l’intérieur. Il voulut l’interpeller, mais se dit que si elle s’était cachée, c’était probablement qu’elle ne voulait pas qu’il la voit.
Il n’insisterait pas.
Reprenant les recherches distraitement – il n’avait plus vraiment la tête à ça, maintenant- le garçon aperçut la feuille, entre les branches de l’arbre juste en face du balcon d’où provenait le chant, il y a quelques instants.

-Hum. Fit-il en tournant autour du chêne – car c’en était bien un. -.

Dimitry secoua le pauvre arbre qui, probablement pour se venger la laissa tomber sur le balcon avec un bruissement sec, comme un rire machiavélique. Statufié sur place, la bouche grande ouverte, le pauvre malchanceux observa la feuille disparaître pour ne lui laisser entendre que le bruissement du parchemin qui se pose sur le sol.

-… Oh… non! Non! Non, non, non, non! (Il secoua le vieux chêne sans ménagement.) Tu ne peux pas me faire ça! C’était la troisième page! Maintenant la quatrième n’a plus de début et la deuxième plus de fin! Tout sauf ça! Pleurnicha-t-il en se laissant finalement glisser aux pieds de l’arbre.

L’adolescent resta pendant de nombreuses minutes devant le balcon, sans trop savoir quoi faire et broyant du noir, puis se leva et disparu sans laisser de trace.

Quelques instants plus tard, Dimitry parcourait les couloirs au pas de course, comptant à mi-voix les numéros, n’importe qui de normal qui l’aurait croisé aurait sans doute cru qu’il était un idiot, ou un idiot qui apprenait à compter, mais il finit par s’immobiliser devant une porte, droit comme un « i » et prit son élan avant de toquer aussi poliment que possible et attendre fébrilement une réponse quelconque.
Revenir en haut Aller en bas
Cael D'Eza
Habitant(e) de L'Île
Cael D'Eza


Messages : 32
Date d'inscription : 05/09/2009

Feuille de personnage
Sexe: Homme
Orientation Sexuelle: Autres
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeLun 18 Jan - 4:41

Cael se tenait immobile dans sa chambre, le cœur battant. Il était pourtant persuadé qu'aucun élève ne se trouvait dans le pensionnat un dimanche. Lui-même, s'il avait eu une famille, il n'aurait pas été là à chanter. D'un autre côté, il avait pris le risque d'être découvert en chantant comme ça sur son balcon. Quel idiot ! Il tapa sa tête contre la fenêtre et haussa un sourcil en voyant le chêne d'en face bouger. Que se passait-il ? Voyant que l'arbre bougeait d'avantage, Cael eut peur que quelqu'un ne monte et ferma prestement les rideaux, pris d'un soudain accès d'angoisse. Il laissa un interstice pour pouvoir observer. À son grand soulagement, il put voir qu'une feuille, coincée dans les branches, venait de tomber grâce aux mouvement inculqués au chêne.

Curieux, le jeune homme ouvrit la porte-fenêtre et, s'assurant qu'il n'y avait plus personne en bas, se baissa pour ramasser le bout de papier. Il resserra le foulard autour de son cou en sentant un courant d'air frais. Ayant peur pour sa gorge, il s'engouffra rapidement à l'intérieur de sa chambre et ferma la fenêtre. Il regarda en suite plus en détails ce qui était tombé de l'arbre et s'aperçut que ce n'était qu'une lettre, d'une banalité sans nom, et incomplète par-dessus le marché. Déçu, il la posa sur son bureau et repartit dans ses vocalises. Cette fois il tâcha d'être plus discret. Tout en s'efforçant de caler son chant quelques octaves en-dessous qu'il en avait l'habitude, il étala un crème blanche sur son visage et son cou avec grand soin. Celle-ci donnait à sa peau une teinte plus claire encore, presque blanche. Alors qu'il s'apprêtait à enfiler sa veste -une redingote noire qu'il chérissait- pour aller dans une salle de musique, quelqu'un frappa à la porte, lui arrachant un léger sursaut. Il resta immobile un moment à regarder la porte, songeant peut-être qu'ainsi la personne n'insisterait pas. Mais il sentait des émotions derrière cette porte, et même s'il ne comprenait toujours pas ce que ça signifiait, il savait au moins que quand il ne reconnaissait pas une émotion, ça voulait dire qu'il n'était pas seul.
Résigné par la ténacité de la personne qui se trouvait de l'autre côté de la porte il s'avança pour aller ouvrir. Il hésita une dernière fois, la main sur la clenche, et se décida finalement à ouvrir.

Le battant cachait un grand blond, légèrement dégingandé, portant un chapeau noir -Cael se retint de remarquer combien il était inconvenant de porter un chapeau dans l'établissement-, dont le regard ne pouvait passer inaperçu. Un œil bleu, l'autre rouge, étrange et intrigant. Il reprit un peu de contenance et se racla la gorge.


Plait-il ?

"Plait-il ?" Il n'avait pas trouvé mieux. Il trouvait la formulation ridicule. Mais il ne voulait pas s'étendre. Que voulait le garçon au chapeau ?
Revenir en haut Aller en bas
Dimitry Leonid Eduard

Dimitry Leonid Eduard


Messages : 28
Date d'inscription : 14/01/2010

Feuille de personnage
Sexe:
Orientation Sexuelle:
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeMar 19 Jan - 1:52

Des pas. Il entendait des pas. C’était bon signe, la chambre n’était pas vide. Pourquoi autant de ressentiment dans ce cas? Dimitry n’avait rien fait de mal, il avait intercepté le chant par pur hasard et n’avait rien à se reprocher. Rien de rien. Rien du tout? Pris d’un doute, il eût un mouvement de recul. Il se pointait, sans rendez-vous, chez un inconnu qu’il avait épié en douce de son balcon! Mais il ne l’avait pas épié en douce. L’avait-il fait? Les questions virevoltait dans sa tête, se retournaient dans tous les sens et repassaient en boucle, toujours sans réponse.
Le garçon allait renoncer lorsque la porte s’ouvrit. Pétrifié, statufié, momifié, immobilisé, bref : Figé sur place, Dimitry fixa l’adolescent qui se tenait devant lui avec curiosité. Il était légèrement plus petit que lui, mais il n’avait pas rencontré de personne plus grande que lui depuis des années. Sans plus s’attarder sur ce point, le regard bicolore de l’adolescent parcouru son visage incroyablement pâle, ses lèvres fines, son regard qui lui paraissait froid, sans qu’il ne sache pourquoi. Il avait les yeux foncés, noirs. Peut-être que c’était sa peau, couleur ivoire, qui faisait ressortir ce détail.

« Il mange pas assez de légume, sûrement… » Se dit-il.

Pourtant il semblait garder la forme, de très belles formes remarqua-t-il lorsqu’il eût fini de loucher sur son visage. Probablement un gosse de riche, vu ses vêtements extravagants. Les gens riches portaient toujours des trucs bizarres. Nombre de fois, il avait vu ses parents accoutrés de manières tordues, ils en riaient souvent avec son frère. Son frère… Tiens, ça lui rappelait quelque chose? Mais quoi…
Dimitry tandis une main amicale vers le jeune homme qui lui faisait face.

-Bonjour, je me présente, Dimitry Leonid Eduard. Enchanté.

Après mûre réflexion et un moment d’intense délibération mentale avec lui-même, il en vint à la conclusion qu’il faisait absolument n’importe quoi et qu’il n’améliorait certainement pas son cas. Ce type se fichait probablement de son nom autant que de son enchantement courtois et son « Plait-il? » aurait dû l’en avertir. Si ça ce trouvait, il avait parlé avec un air condescendant et il allait croire qu’il se moquait de lui. Pourtant, Dimitry n’avait aucunement envie de se montrer désagréable avec lui. Il ne lui avait rien fait. Il eût soudainement l’idée de s’enfuir. Prendre ses jambes à son cou, déguerpir, se maudire en silence dans sa chambre en se demandant pourquoi il était allé cogner à la porte. Pourquoi avait-il cogné à la porte déjà?
C’était tellement important… Son frère? Celui qui était là-bas. La lettre. Oui! La lettre! La page qui faisait l’union de la deuxième et la quatrième! La personne qui chantait au balcon, celle qu’il avait surprit. Le garçon se rappela soudainement de sa timidité et il réalisa – un peu tard peut-être - ce qui aurait dû paraître évident. Cette voix si délicate, c’était lui? Il désigna le nez de l’individu avec son index.

-Vous?

Sa mâchoire sembla se décrocher, retenue uniquement par la peau. C’était pourtant un son si… féminin. Réalisant l’impolitesse de son geste, il rappela son doigt à l’ordre et tenta de fermer sa bouche qui commençait à s’assécher, ainsi ouverte. C’était la conclusion la plus logique, mais quelque part, il n’y croyait pas. Mais n’était-ce pas se mêler de ce qui ne le regardait pas? Le gringalet se gratta la tête, dérangeant son couvre-chef au passage. Voilà qui soulevait de nouveau mystère dans l’immense cavité – plutôt vide – de son crâne.
Ne voulait-il pas demander quelque chose? Tout ça lui échappait. Son esprit était déjà loin, très loin. Comme un détective qui suit une bonne affaire, contre la volonté du garçon qui ne souhaitait pas s’immiscer dans la vie privée des autres.

-Je… je cherchais… Il se prit le menton, position réflective mainte fois répétée dans l’histoire de l’humanité. Attendez, ça va me revenir…

Il fallait que ça lui tombe dessus. C’était inévitable, bien sûr. Tout allait trop bien ce matin. Il faut dire que cette histoire de chant avait aspiré son cerveau dans une autre dimension qui lui était inconnu. L’adolescent nageait dans le brouillard et n’arrivait plus à trouver le chemin qui l’avait mené à cette contrée inconnue. Il se sentait rougir à vu d’œil, il ne pouvait pas l’avoir dérangé.

-J’ai vraiment une mémoire de poisson rouge… fulmina-t-il à voix basse.

Allez! Un effort! Son frère? Là-bas… La lettre!

-La page numéro 3! S’exclama-t-il avec émotion. Celle qui vient avant la dernière et après la deuxième! La… elle a glissé sur votre balcon, là où vous chanti...

Dimitry s’attrapa la bouche pour empêcher les mots de sortirent. Non! Il venait de se trahir de n’avoir rien fait! Cramoisi, l’adolescent attendit le verdict en silence, pétrifié.
Revenir en haut Aller en bas
Cael D'Eza
Habitant(e) de L'Île
Cael D'Eza


Messages : 32
Date d'inscription : 05/09/2009

Feuille de personnage
Sexe: Homme
Orientation Sexuelle: Autres
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeMar 19 Jan - 5:33

Cael se tenait immobile à regarder le garçon, tâchant de comprendre toutes les émotions qui émanaient de lui. Et surtout cette gêne incroyable. Il avait pour habitude d'intimider les gens par son attitude, mais à ce point, jamais. Ce jeune homme semblait perdu, de toute évidence. Et pourquoi le regardait-il ainsi ? Il savait sa tenue irréprochable.
Il baissa un regard perplexe vers la main de Dimitry Leonid Eduard. Il releva la tête en souriant légèrement et lui serra la main distraitement.


Cael D'Eza, enchanté également...

Cael se savait différent des autres, en bien des manières, mais ce Dimitry le laissait coi. Il avait l'air gentil, mais il semblait se questionner sans cesse, et sa gêne commençait à le gagner, et à l'agacer. Et ses silences. Il venait de se présenter et se taisait de nouveau. Peut-être avait-il du mal à parler et devait se concentrer longtemps pour sortir une phrase, même aussi simple que des présentations. Ou alors avait-il honte de sa voix et cherchait à prononcer un minimum de mot. Comme Cael qui évitait de trop parler de peur qu'on se moquât de lui.
Soudain tout bascula, Dimitry semblait choqué. Il montrait notre jeune homme du doigt, la bouche et les yeux grand ouverts. Le coeur du chanteur battait à tout rompre. C'était lui qui l'avait entendu, lui qui l'avait dérangé dans sa chanson et qui avait envoyé la lettre dans l'arbre, lui, enfin, qui, s'il n'avait pas deviné sa condition, devait se poser des centaines de questions. Finalement son 'interlocuteur' se reprit et commença à parler, perdu dans ses réflexions.

Cael soupira intérieurement. Non il ne l'avait pas entendu et semblait ne se douter de rien. En fait il n'était que mal à l'aise. Il s'abstint de parler pour le laisser se souvenir que ce qu'il était venu chercher. Il rougissait à vue d'oeil. Une chance ! Que se serait-il passé s'il avait entendu sa voix, son soprano ? Il aurait dû lui dire des choses qu'il gardait pour lui depuis longtemps déjà. Un sourire rassuré et encourageant se dessina sur son visage pour se figer aussitôt. Si, en fin de compte il l'avait entendu, et il était choqué. Qui ne l'aurait pas été, les castrats n'étaient pas censés exister encore.
Il se tenait droit comme un i, et observait l'autre, réfléchissant à une façon de ne pas avoir à en dire d'avantage.


Je me suis permis de la ramasser, elle est tombée de ce chêne devant mon balcon...

Il prit la lettre et la lui tendit machinalement. Il espérait encore avoir rêvé, en vain, c'était la dure réalité.

Autre chose...?

Il ne voulait pas être froid, mais de toute évidence, c'était raté. Il fut soudain pris d'une idée folle et de courir pour fuir ce lieu, mais au lieu de ça il se laissa tomber dans un fauteuil en soupirant.
Revenir en haut Aller en bas
Dimitry Leonid Eduard

Dimitry Leonid Eduard


Messages : 28
Date d'inscription : 14/01/2010

Feuille de personnage
Sexe:
Orientation Sexuelle:
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeMer 20 Jan - 2:20

L’adolescent resta un instant sur le pas de la porte, la lettre dans les mains, encore sous le choc. Oh, pas longtemps. Il reprit constance après quelques instants, passant la tête par le cadre de la porte, entrebâillée. Dimitry ne savait pas trop quoi dire, il n’était visiblement pas bien. S’apprêtait-il à sortir avant qu’il ne le dérange? Un peu mal à l’aise, son regard parcourra la pièce. Un lit imposant et qui lui semblait, de là où il était, confortable et douillet. Il en avait vu un semblable dans la chambre de sa mère, il y a longtemps. Pas très décorée, un miroir, un bureau, une maquilleuse, un pupitre. Ça avait beaucoup de charme. Le garçon se fit presque déconcentré par toutes ses nouvelles informations qui prenaient place dans les différents tiroirs de sa commode à souvenirs.
Il ne pouvait pas partir en le laissant ainsi. Après avoir pesé le pour et le contre, Dimitry posa le pied – droit – à l’intérieur de la pièce, aussitôt il fût rejoint par son confrère. Le voilà dans la chambre du chanteur. Toujours aussi belle. Elle n’avait pas changé, pas si il faisait attention. Soudainement, tout devenait fragile aux yeux du pauvre garçon qui ne savait plus où se mettre pour être le plus loin possible des mille et uns objets fragiles qui semblaient le regarder l’air de dire « combien de temps tiendras-tu? ». Dimitry déglutit et se colla au mur. Triomphant, il toisa la pièce d’un air hautain avant de ce rendre compte qu’il était totalement ridicule et qu’il se laissait encore distraire par des idioties. Le garçon s’approcha de l’inconnu et se permit de s’asseoir au sol, à côté du meuble. En silence. Il ne savait pas quoi dire. Il fallait trouver un moyen de lui remonter le moral à cet interlocuteur, réparer un peu les erreurs qu’il avait fait en ne faisant rien!
Il retira son chapeau pour s’occuper les mains et leva la tête vers le regard sombre de son interlocuteur.

-C…c’était une très belle chanson. Vous en connaissez le nom?

Il sourit timidement. Si ça se trouvait, il avait honte de chanter aussi bien. C’était pour ça qu’il faisait cette tête. À vrai dire, Dimitry ne comprenait pas ce qui lui arrivait, mais il savait qu’il suffisait parfois de parler pour retrouver sa bonne humeur.

-Écoutez, je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais vous voir comme ça, c’est… ça me déprime, voilà… alors si jamais vous voulez en parler.

Dimitry avait bien compris le message lorsqu’il avait demandez si il voulait d’autre chose. Il n’était pas totalement stupide. Ce type ne voulait pas de sa compagnie, si importune, et l’adolescent le comprenait, seulement il fallait qu’il fasse quelque chose. Il n’allait pas tout détruire pour ensuite tourner les talons et s’éclipser. D’ailleurs il ce garçon était plus jeune que lui et pourtant il le vouvoyait – quoi qu’à bien y penser, il vouvoyait tout le monde-. Il soupira intérieurement, intimidé par un inconnu plus jeune que lui. Il se sentit soudainement vraiment ridicule.

-Remarque vous ne voulez peut-être pas vous confiez à n’importe qui. (Son chapeau effectuait un tour complet sur lui-même entre ses doigts fins.) Mais... Enfin, je vois bien que je dérange.

Son chapeau retrouva sa place sur sa tête et il rampa – à quatre pattes - tranquillement vers la porte toujours ouverte.

-Si jamais vous changez d’avis, je sais me taire, même si ça ne doit pas sembler être possible présentement. Aussi je n’ai personne à qui répéter ce que tu me diras, donc…

Dimitry lui envoya un sourire timide avant de passer le pas de la porte et se relever. Il n’avait rien brisé et en était assez fier. Rien. Rien? Le visage du garçon lui passa par la tête. Quel crétin! Il avait brisé le plus important, la bonne humeur de ce type. Mais il ne pouvait pas y retourner, ce serait insister. Mais c’était pour son bien. Mais il passerait pour un.. un espèce de harceleur qui espionne les autres élèves sur les balcons et rentre dans leur chambre sans leur permission.
Il ne pouvait pas le laisser comme ça, mais ne pouvait pas rentrer. Complètement démoralisé, le pauvre garçon se laissa glisser le long du mur et soupira une fois que ses fesses eurent touchés le sol. Qu’est-ce qu’il faisait maintenant? À vrai dire, si l’adolescent avait porté un peu plus attention à ce qu’il faisait présentement, il se serait rendu compte qu’il s’approchait de la porte pour finalement atteindre le chambranle. La limite entre les deux options qu’il lui restait. En silence, il se résigna à ne pas bouger d’un cil et attendre un signe de la part d’une quelconque divinité cherchant à accorder sa miséricorde à la première créature qu’elle verrait et dont le divin regard tomberait sur lui.
Revenir en haut Aller en bas
Cael D'Eza
Habitant(e) de L'Île
Cael D'Eza


Messages : 32
Date d'inscription : 05/09/2009

Feuille de personnage
Sexe: Homme
Orientation Sexuelle: Autres
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeMer 20 Jan - 5:04

Cael regardait droit devant lui. Mâchoire serrée. Aussi ne remarqua-t-il le jeune homme que lorsqu'il le complimenta sur sa chanson. Il tâcha de sourire. C'était un compliment, c'était toujours bon à prendre, mais chaque fois que quelqu'un découvrait sa condition, la colère l'envahissait. La haine même envers ses bourreaux. Ces "maestri" ! Ils se vantaient de créer des voix en or, mais ils détruisaient des vies. Cael avait simplement eu la chance de leur plaire. Et maintenant d'avoir attiré l'attention du directeur Bartavelle. Et encore... Il baissa un regard neutre sur Dimitry.

Merci... Elle s'appelle "Ombra fedele anch'io" de Riccardo Borschi... Une de mes préférées des frères Broschi...

Sa voix était d'une douceur incroyable, semblable à un murmure. Il sourit légèrement l'écoutant parler. C'était... attendrissant cette manière qu'il avait de vouloir rattraper une faute dont il n'était pas responsable. Et ce remord qui venait s'ajouter à la gêne. Étrange personnage. Il le regarda s'éloigner doucement, à quatre pattes. Dimitry avait peur de fauter d'avantage, était-il donc maladroit ? En tout cas il était altruiste et soucieux de ne pas blesser les autres. Attachant...
Il le fixa un moment sans rien dire, perdu dans ses pensées. Il émit un rire discret en voyant que son interlocuteur ne reculait pas, au contraire il était sur le chambranle.

Et s'il avait raison ? Si en parler lui faisait du bien ? Le directeur le savait certes, mais ils n'avaient jamais eu l'occasion d'en discuter. Et si ce jeune homme était quelqu'un de confiance ? Une personne capable de garder un secret difficile à porter. Après tout il savait déjà qu'il n'avait pas une voix normale, en tout cas il chantait beaucoup trop aigu pour un homme normal, même si jeune. Il n'avait aucune trace d'une barbe naissante, il était totalement imberbe, il ne montrait jamais ses bras ou ses jambes de peur que l'on remarquât ce détail.


Je ne vous ai pas demandé de partir...

Non, il ne fallait pas le dire comme ça. On eut dit un maître à son valet.

Votre compagnie n'est pas désagréable contrairement à ce que vous pensez...

Semblez penser, Cael ! Avoue-lui carrément qu'en plus de ça tu ressens ce qu'il pense.

Et puis vous m'avez entendu chanter, inutile pour moi d'essayer de vous cacher d'avantage ce que je suis, n'est-ce pas ? En revanche... je préfèrerais que vous fermiez la porte après être entré. Je ne voudrais pas qu'on nous entende... Prenez donc la chaise là-bas où asseyez-vous sur le lit, mais ne restez pas parterre devant ma chambre à attendre je ne sais quel miracle...

Il ponctua sa phrase d'un grand sourire en attendant la décision de Dimitry.
Revenir en haut Aller en bas
Dimitry Leonid Eduard

Dimitry Leonid Eduard


Messages : 28
Date d'inscription : 14/01/2010

Feuille de personnage
Sexe:
Orientation Sexuelle:
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeJeu 21 Jan - 2:31

Mal à l’aise? Embarrassé? Écrasé par la honte et l’envie de se rentrer une cuillère dans le cœur? Rien de tout cela ne résumait adéquatement ce que Dimitry ressentit en entendant son interlocuteur l’inviter à sortir de sa cachette. Après une sorte de gloussement nerveux qui aurait pu être associé au chat d’un chat égorgé, l’adolescent se leva – bien qu’il aurait préféré faire le trajet six pieds sous terre – et affronta à nouveau les sourires moqueurs des objets qui attendaient patiemment qu’il se prenne les pieds pour se briser en mille miettes. C’est donc avec une vitesse infiniment lente que le gringalet chemina jusqu’à lit sur lequel il s’assied. (Le lit lui parait plus sûr qu’une chaise car il avait la mauvaise habitude de basculer son dossier et de tomber au milieu des conversations.) Sa vue ne l’avait pas trompée, le matelas était d’une consistance duveteuse et confortable sans être trop molle, un véritable régale pour le fessier, mais à vrai dire il n’avait pas la tête à prendre en note le confort personnel de ses fesses.
Il lui avait semblé plus facile de rentrer sans y être invité que le contraire, étrangement. Il fallut au garçon plusieurs minutes avant de réaliser qu’il avait oublié de fermer derrière lui. Voulant réparer l’erreur au plus vite, il se précipita vers la porte, se prit les pieds dans ses mollets et s’écrasa contre l’huis. La porte se ferma en un claquement sec suivit du bruit sourd d’un corps qui s’affale au sol sur toute sa longueur. Dimitry se releva prestement, épousseta ses habits rayés et replaça son chapeau sur sa tête pour l’enlever, indécis sur l’attitude à adopter. Il toussa. Ses fesses retrouvèrent avec plaisir le matelas qui leur souriait en coin.
Un nouveau sourire timide se dessina aux lèvres du maladroit qui fixait machinalement ses pieds. Ses chaussures en cuir, vieille et peut-être un peu large pour lui, dans lesquelles disparaissaient ses maigres chevilles emmitouflées dans des bas bleus profond qui dépassaient largement de son pantalon trop petit, visiblement. Dimitry avait l’impression d’être un gamin dissipé qui faisait face à son directeur. Avec l’air d’un chirurgien qui annonce un décès pour la première fois de sa vie, l’adolescent releva son regard si particulier vers le chanteur.

-Hum… Je ne veux pas que tu-vous vous sentiez forcé, non plus. Enfin… Sans vouloir être indiscret, qu’êtes-vous exactement? Cette voix si jolie était vraiment la vôtre?

C’était inutile pour lui de ne pas l’entendre à nouveau. Ombra Fedele anch’io, hein. Ça ne lui rappelait rien. Pourtant lorsqu’il l’avait entendu chanter, il avait vraiment l’impression de l’avoir déjà entendu cette chanson. Quelque part. Dans le lointain. Peut-être dans le lointain de son père? Il chassa cette idée d’un mouvement de tête. Son père ne devait pas lui revenir en mémoire. Il fallait l’oublier.
Comme si il émergeait d’une rêverie, il secoua la tête vigoureusement et invita Cael à commencer son histoire avec un grand sourire franc et un brin de curiosité dans l’œil.
Revenir en haut Aller en bas
Cael D'Eza
Habitant(e) de L'Île
Cael D'Eza


Messages : 32
Date d'inscription : 05/09/2009

Feuille de personnage
Sexe: Homme
Orientation Sexuelle: Autres
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeJeu 21 Jan - 4:51

Qu'est-ce qui n'allait pas chez ce garçon ? Pourquoi prenait-il autant de précautions à chacun de ses déplacements ? Il crut au départ que c'était pour ne rien oublier. Mais ça n'était pas le cas puisqu'une fois assis sur le lit, la porte était encore ouverte. Il s'apprêtait à se lever pour aller la fermer lorsque Dimitry se leva... pour retomber aussitôt et s'étaler avec la grâce d'un éléphant sur le tapis. Au moins, songea-t-il, la porte était fermée désormais.
Il n'eut pas le temps d'esquisser le moindre geste pour l'aider à se relever que le jeune maladroit était sur ses deux pieds, gêné, de toute évidence, intimidé peut-être... Tout à fait normal, pensa-t-il, il avait l'habitude d'intimider ses semblables. Il se surpris à apercevoir un sourire satisfait dans son reflet. Et qu'était cet éclat dans ses yeux ? De l'amusement ? Il n'avait pas pour habitude de s'amuser en voyant tomber les gens mais... cette maladresse... elle avait quelque chose de... drôle ? Oui c'était le mot. Cet excès de maladresse était très drôle.

Il reprit une expression neutre lorsque Dimitry releva les yeux. Il l'intimidait déjà, inutile de le vexer en plus de ça. Par ailleurs il tiqua en l'écoutant. De toute évidence il était également maladroit dans le choix de ses mots. "Qu'êtes-vous ?" C'était un rien agaçant d'être considéré comme une sorte de chose. Il ne releva pas, à quoi bon être désagréable ? Il inspira profondément et le regarda droit dans les yeux.


Je vous remercie de complimenter ma voix, c'est très gentil de votre part, d'autant que vous ne me dites pas ça dans le seul but de me faire plaisir.

Il ferma les yeux et prit une plus grande respiration. Bravo ! Pour la deuxième fois tu insinues que tu sais ce qu'il pense. Encore une ou deux phrases comme ça et il va te demander de lire dans ses pensées ! Contrôle-toi un peu ! Il ouvrit les yeux et sourit avant de se racler la gorge.

Je ne suis pas si différent, je ne suis pas un être quelconque, je suis un humain comme vous, la seule chose qui me différencie des autres adolescents c'est que je suis...

Castrat ! Le mot ne voulait pas sortir de sa bouche tandis qu'il résonnait dans sa tête. "Castratto ! Castratto !" Et cette scène qui défilait dans sa tête. Tout ce sang... À nouveau il ferma les yeux. Grossière erreur. Le jour de sa castration lui revint dans ses moindres détails. Un frisson d'une intensité rare le parcourut. Il leva ses paupières pour laisser couler une larme. Une seule heureusement. Pas assez, cependant, pour que son maquillage coule. Il tamponna sa joue avec un mouchoir blanc pour éponger la petite goutte salée.

Navré. Je disais donc, que contrairement aux adolescents, je n'exhiberai pas des cicatrices récoltées lors du rasage. Je n'aurais pas de problème d'acné. En clair, je ne connaîtrais pas la puberté. Et ma voix, telle que vous l'entendez, ne changera jamais.

Cette voix... Cette maudite voix ! Claire, douce, et plus aigüe que la normale.

Connaissez-vous quelque chose aux chanteurs du XVIIème ?
Revenir en haut Aller en bas
Dimitry Leonid Eduard

Dimitry Leonid Eduard


Messages : 28
Date d'inscription : 14/01/2010

Feuille de personnage
Sexe:
Orientation Sexuelle:
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeVen 22 Jan - 6:12

Au moment où Dimitry perçut la larme de son interlocuteur, son chapeau cessa sa rotation sur lui-même et glissa sur les genoux de son propriétaire. C’était à ce point? Au point où celui qui retient ses larmes n’a plus d’espace. Il se souvient l’avoir fait, lorsqu’il était jeune. Cette impression d’étouffer comme si sa gorge se comprimait pour étouffer un cri désespéré. Un cri de rage peut-être. Quoi qu’il en soit, il ne voyait pas de rage dans cette larme, si vite effacée comme si il eût été contre la pudeur d’exhiber ainsi cette petite goutte de tristesse si délicate, si noble sur cette joue nacrée. L’adolescent se demanda s’il devait dire quelque chose pour apaiser cette tristesse, mais il était bien placé pour savoir qu’il n’y avait rien à dire lorsqu’on pleurait sur le passé. Peut-être le prendre dans ses bras? L’idée lui passa par la tête et il la chassa aussitôt, une accolade avec un inconnu n’était pas spécialement la bienvenue et c’était même à éviter. Que lui restait-il à faire? Que faire pour empêcher une autre délicate congénère de rejoindre cette larme? Dimitry ne bougea pas. Il se tue et s’interdit de se lever pour faire quelque chose de stupide. Il n’était pas bête et il avait bien senti ce mot qui s’était enfui pour ne pas avoir à laisser tomber son masque. Il devinait que c’était lui qui détenait la clé du mystère, ce pleutre mot qui se cachait derrière cette larme. Malheureusement, encore une fois, rien à faire. Rien à dire. Peu importe ce qu’il lui dirait, il n’y aurait jamais de réponse à lui fournir, jamais de geste pour le réconforter. Il était l’inconnu, ici. L’impuissant qui était spectateur devant une pièce et qui aurait voulu se lever et hurler au héros de pleurer de tout son soûl si il le voulait, mais le spectateur ne se lève pas, il ne prodigue pas conseil aux acteurs et se tait en attendant de devenir témoin du meurtre de celui-ci. Cette impuissance si crue qui lui hurlait aux oreilles failli l’empêcher d’entendre la question de Cael.
Les chanteurs du 17ième siècle? Ça mère ne les aimait pas, ça il le savait. Elle en avait parlé un jour alors qu’il habitait encore avec elle. Qu’avait-elle dit? « Ces ignobles créatures qui tentent de se faire femmes. Les hommes devraient apprendre à apprécier la gente féminine comme elle est et respecter qu'elle soient meilleures dans un domaine. N'y a-t-il aucun domaine où les hommes ne voudront pas voler aux femmes ce qui leur reste ! Ces espèce de monstres sans genre, ces… ces… immondices qui se croient plus douce, plus fine voix que les sopranos. » Dimitry se dit que ça avait peut-être un rapport avec Cael, ce qui expliquerait cette larme de cristal.

-Euh…, fit-il tout en réfléchissant. Je sais que ça mettait ma mère en colère. Je cherche… Les chanteurs… i…taliens? Début de l’opéra? Vous êtes un chanteur d’opéra? Il n’y a pas de honte à avoir, c’est superbe l’opéra. J’aimerais pouvoir chanter de l’opéra, ajouta-t-il avec un grand sourire ingénu.

Avant aujourd’hui, il n’avait jamais vraiment pensé à chanter de l’opéra, mais maintenant qu’il y pensait – c'est-à-dire depuis une minute trente-six secondes- c’est vrai que le garçon aurait bien aimé chanter aussi bien que tous ces types. Il considéra son interlocuteur un instant. Il n’aurait jamais de marque de rasage maladroit? Pas de problème d’acné? Sa voix ne changerait jamais? Ça semblait plutôt joyeux. Enfin, sauf peut-être l’idée de garder une voix d’enfant, mais à vrai dire, elle était mignonne sa voix. Elle lui donnait un air enfantin, moins sérieux. C’était un nouvel indice. L’adolescent maigrichon commençait à se prendre pour un de ces détectives dans les romans policiers.
Avec tous les éléments récoltés lors de l’interrogatoire, il devrait être capable de tirer des conclusions logiques. N’importe comment, il savait que ça avait un rapport avec ce qui mettait sa mère hors d’elle. Mrs. Eduard n’aimait pas grand-chose. C’est autant dire que lister ce qu’elle détestait aurait été aussi long que tenir à jour la liste des humains sur terre sans omettre de biffer les morts et ajouter les nouveau-nés pour la garder à jour. Pourtant sa mère aimait beaucoup l’opéra. Elle en écoutait sur son tourne-disque. Qu’avait-elle bien pu lire pour détester l’une des seules choses que son cœur piétiné par la haine avait réussi à aimer?
« … comme on castre les chiens! »
Les castrats! C’était ça. Le mot lui rebondit au visage comme un retour de flamme; il crût même s’en brûler les doigts. Son expression, si illuminée et joyeuse se recroquevilla sur elle-même, comme si elle avait honte d’avoir montré son visage lors d'une telle déclaration. Un castrat? Lui? Non. Dimitry porta machinalement la main à sa propre ceinture après avoir ponctuer sa découverte d’un regard ahuris. Il prit une grande inspiration comme si il eût voulu expirer sa surprise en un grand Bang – et encore, l’onomatopée est faible- mais il se contenta d’un maigre « Oh… ».
Le garçon se dandina sur le matelas duveteux – au grand bonheur de ses fesses et du matelas qui faisait plus ample connaissance depuis un moment et commençaient à se trouver quelques points communs.- mal à l’aise et fini par retirer sa main après avoir déglutit difficilement. Un « ouille » aurait pu être mal placé, mais il lui brûlait les lèvres vicieusement en attendant la moindre occasion de s’en évader.

-Alors… tu-vous… êtes un castrat? C’est encore légal? Enfin, je ne le savais pas. Je croyais… Mère avait dit que… enfin, peut-être pas… On peut tous se tromper.

Encore des mots inutiles qui ne réconforterait pas et détendrait autant l’atmosphère qu’une blague à un enterrement ou encore un juron à l’église. Dimitry se sentait démuni. Petit. Faible. Faible face à cette révélation qui s’approchait comme un raz-de-marée vers lui. Il devait bien pouvoir faire quelque chose. Non. Il était pitoyable. Une fourmi ridicule qui allait tenter de soulever un éléphant. Il se sentait soudainement très lourd.
Son regard se porta sur Cael. Lui aussi devait se sentir ainsi. Tout seul avec son tsunami, son éléphant qui le piétinait. Si Dimitry le laissait tout seul, jamais il ne pourrait s’en sortir. Il ne savait peut-être pas ce qu’il fallait faire, mais il allait quand même essayer. À deux, ils terrasseraient l’éléphant!

-Je ne sais pas quoi dire, avoua-t-il avec la sincérité déroutante d’un enfant. Pour dire vrai, je ne sais même pas si on peut dire quoi que ce soit qui soit réconfortant dans de telle situation… j’ai promis d’écouter et de me taire alors… j’ai écouté et je vais me taire, seulement, si il y a quelque chose que je pourrais dire ou même faire, à la limite, n’hésitez pas, même si je ne suis peut-être pas le plus qualifier pour remonter le moral des gens.

En ce moment même, un millions de question lui passaient par la tête. Avait-il été d’accord? Lui avait-on demandé son avis? Qui lui avait fait ça? Ses parents étaient-ils au courant? Est-ce que c’était ses parents qui l’avaient demandé?! Non, des parents ne feraient pas ça à leurs propres enfants… Le visage de sa mère lui revînt en mémoire. Sa gorge se noua. Il allait pleurer. Non, il avait promis d’écouter! Mais pleurer ce n’était pas parler? Non? Si? De toute façon, c’était déplacer de pleurer comme ça, comme une fille qui chiale devant un livre. Il n’était pas une fille : Il était un homme. Ça n’empêchait pas ses yeux de le picoter et sa gorge de se serrer encore plus pour étouffer sa peine à l’intérieur. Il fallait retenir ses larmes, mais l’adolescent avait oublié comment faire.
Ses mains agrippèrent son couvre-chef et le plaqua contre son visage. Il tenta de pleurer en silence, seules ses épaules étaient secouer de spasmes lors de ses hoquets muets. Quel crétin, il devait avoir l’air ridicule. En plus, ce type semblait lire en lui comme dans un livre ouvert, à qui croyait-il caché qu’il pleurait. Il renifla, le feutre de son chapeau lui renvoya le bruit légèrement étouffé, un peu plus feutré. Ses larmes avaient cessé de couler mais il voulut se redonner une expression des plus neutres malgré son nez rougi et ses yeux bouffis. Sa tignasse lui masquait presque tout le visage de toute façon.

-Pardon, je pleurniche comme une gamine en plus d’être entré sans permission dans votre chambre et de vous avoir épié sur votre balcon- Pas épié! Je suis tombé sous votre balcon par hasard et celui-ci voulait que vous-y soyez, se reprit-il prestement.

Il se ratatina dans les étendues de draps moelleux en triturant le rebord de son chapeau melon qui n’en menait pas plus large que lui. Il se sentait minuscule.

-Je suis pas un harceleur, se sentit-il obligé de préciser avec le ton exact qu’aurait choisi un gamin pour justifier le vase brisé dans le grand salon.

Du revers de la jointure, Dimitry essuya des restants de larmes salées dans ses cils mordorés. Son regard bicolore ne savait plus où regarder et cherchait un point auquel s’accrocher, tout pour éviter le regard du garçon dans sa chaise qui ne semblait déjà pas l’aimer et qui devait être sur le point de le virer de sa chambre à grand coup de « Dégage de là, abrutis! ».
Revenir en haut Aller en bas
Cael D'Eza
Habitant(e) de L'Île
Cael D'Eza


Messages : 32
Date d'inscription : 05/09/2009

Feuille de personnage
Sexe: Homme
Orientation Sexuelle: Autres
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeSam 23 Jan - 3:33

Cael sentit que Dimitry se retenait de faire quelque chose. Il semblait touché et en même temps perdu. Touché par cette larme qu'il n'avait pu retenir. Perdu parce qu'il ne savait quoi faire. Le castrat était également touché par cet altruisme et cette maladresse. Il sourit. On lui avait dit un jour que chaque situation, lorsqu'elle était bien orchestrée, connaissait un inversement. Était-ce le cas à présent ? Il ne lui manquait plus que d'être perdu pour que la théorie soit confirmée.
Le jeune homme se mit soudainement à réfléchir, essayait-il de comprendre ? Il sourit en l'écoutant.


Je suis fier de pouvoir chanter dans un opéra. De toute façon je n'ai pas le choix. Et si je vous souhaite sincèrement d'avoir une belle voix, je vous souhaite du plus profond de mon être de ne jamais avoir la mienne...

À nouveau Dimitry replongea dans ses réflexions. Cael le laissa se concentrer. Il le fixait d'un air neutre. Il observa plus attentivement ses traits. Il était physionomiste et aimait à imprimer chaque visage qu'il croisait pour ne pas les oublier et les reconnaître au détour d'un couloir. Quoique le jeune homme qui se tenait en face de lui n'était pas difficile à reconnaître. À son chapeau et à ses cheveux d'abord, mais surtout à ses yeux. C'était étrange cette couleur, peu commun, et très beau.
Son visage s'éclaira un instant. Avait-il trouvé ? De toute évidence oui. Car à présent il avait presque honte d'avoir été si fier de trouver la réponse. Cael eut une moue amusée. Oui, définitivement oui, Dimitry venait de comprendre. Sa main était allée rejoindre sa ceinture. Comme s'il cherchait à s'assurer de quelque chose. Mais quoi ?
À nouveau il semblait mal à l'aise. Il acquiesça lentement à la question de l'homme aux yeux verrons, une certaine gravité dans les siens.


Oui, je suis castrat. Non ce n'est plus légal depuis le XVIIIème siècle. Certains pensent pouvoir faire abstraction de cette règle séculaire...

Il s'arrêta net en sentant une... une appréhension ? Oui c'était ça, Dimitry appréhendait quelque chose. Leur regard se croisèrent. Il se sentit envahit par cette même peur de quelque chose qu'il connaissait. Mais pourquoi son interlocuteur la ressentait également ? Ce regard, intensifié par le rouge et le bleu, avait été un véritable choc. Cael y voyait désormais de la détermination.

Il n'y a rien à dire, et rien que vous puissiez faire. Et si vous pensez de pas être le plus qualifié pour me réconforter, vous essayez, au moins, et me proposez votre aide. Bien que je ne vois pas quelle aide vous pourriez m'apporter, c'est déjà quelque chose. Ça me met un peu de baume au coeur. Mais... je sens en vous quelque chose qui... oh...

Une larme avait réussi à s'échapper. L'homme aux yeux verrons pleurait, et il se cachait. Pourquoi avait-il honte ? Pleurer avait quelque chose de libérateur pourtant. Lui ne le faisait jamais, il avait développé ce stoïcisme qui le faisait passer pour insensible. Il était perdu. Il y avait de la douleur dans le cœur de Dimitry. Il retint un sourire. La situation s'inversait parfaitement. À présent c'était lui qui était perdu. Il s'assura d'un rapide coup d'œil dans le miroir qu'aucune expression ne transparaissait sur son visage. La dernière chose dont avait besoin un homme qui pleure était d'en voir un autre pleurer également. Il était resté silencieux. Ne relevant pas la remarque sur ses pleurs et sur le hasard, il l'avait regardé, une froideur involontaire dans les yeux. Mais il n'arrivait pas à capter le regard de son interlocuteur. Il se leva doucement et s'agenouilla devant le lit.

Regardez-moi. N'ayez pas honte de pleurer. Vous souffrez, je... je le sens... je le lis dans vos yeux, Dimitry...

Il essuya une larme sur le menton du jeune homme et en profita pour lui relever les visage.

Je ne suis certes pas qualifié pour vous libérer de cette souffrance, mais je peux essayer, moi aussi. Les castrats ne sont pas insensibles.

Il marqua une pause, tâchant de lire en lui, ou tout au moins de ressentir ses émotions avec précision.

D'où vient cette souffrance que je vois en vous ? Un homme ne pleure pas à la simple évocation d'un nom, ou d'un membre de sa famille sans raison... Acceptez que mon épaule porte un peu de votre fardeau, elles en ont l'habitude...

Il lui lança un sourire encourageant.
Revenir en haut Aller en bas
Dimitry Leonid Eduard

Dimitry Leonid Eduard


Messages : 28
Date d'inscription : 14/01/2010

Feuille de personnage
Sexe:
Orientation Sexuelle:
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeDim 24 Jan - 23:01

Dimitry ne savait plus quoi dire. Ni même quoi faire. Lui parler, ça lui semblait provoquer un deuxième raz-de-marée dans la chambre. Les murs ne tiendraient jamais le coup. Pourtant, Cael lui avait fait confiance, il n’avait aucune raison de ne pas en faire de même. L’inconvénient, c’était que la raison pour laquelle il pleurait, il n’en avait aucune idée. Peut-être qu’il se faisait des idées et que le garçon était d’accord pour se faire faire une telle opération, mais pourtant, au fond de lui-même, il avait comprit que ça ne pouvait pas être le cas. Pas de la manière dont il avait été incapable de le dire, pas de la façon dont il se comportait. Sans savoir comment l’expliquer, il se sentait horrible de ne rien pouvoir faire. Ce garçon ne méritait pas ça.
Ses doigts effleurèrent son menton. Si on avait pu toucher un arc-en-ciel, Dimitry était persuadé que la sensation aurait été la même. Une sorte de douceur sucrée qui remonte le moral. Il avait l’impression d’être un gamin qu’on console après une chute de vélo, mais ça lui était bien égal sur le coup. Tout allait de travers, il était là pour l’écouter et le réconforter, et à présent c’était lui qui pleurait et qui se faisait moucher le nez! L’adolescent ne voulait pas déposer son fardeau sur les épaules de son camarade, même si elles y sont habituées. Personne ne devrait avoir à porter de fardeau, si en plus on se met à se les échanger! Son regard était froid, mais Dimitry sentit son sourire sincère et son index glissa sur celui-ci comme pour le redessiner.

-Je savais que ça t’allait bien les sourires, fit-il avec un sourire en coin.

À bien y regarder, il ressemblait à une poupée de porcelaine. Ses traits étaient fins et délicat, si délicat que l’adolescent eût peur un instant de ce tenir à proximité d’un objet aussi fragile avant de se rappeler qu’il ne s’agissait pas d’un objet, mais d’une personne. Il se demanda un instant si ses joues avaient la douceur de l’ivoire, mais préféra chasser cette idée avant qu’il ne se mette à vérifier son hypothèse sans s’en rendre compte.
Il eût l’impression de sentir un minuscule feu d’artifice dans son index et il préféra l’éteindre de peur que le bruit ne surprenne le sourire de son interlocuteur et le fasse fuir.

-Je ne sais pas si parler fera du bien, mais je suppose que je peux essayer…

Il le considéra un instant. Cael n’avait pas l’air d’être une mauvaise personne malgré son regard qui faisait – il devait l’avouer- un peu froid dans le dos, parfois, et son attitude qui ne laissait entrevoir aucune de ses émotions. Il lui disait de ne pas avoir honte de ses sentiments, mais Dimitry avait tout de même l’impression qu’il les lui masquait. Cependant, il en était convaincu : le jeune chanteur savait garder un secret et il était sincère. C’était quelqu’un de bien, décida-t-il après mûre réflexion. Il pouvait lui faire confiance, il le sentait.
Alors qu’il rassemblait ses idées un petit détail pointa le bout de son nez. Il lui sembla d’abord anodin, puis Dimitry haussa un sourcil et se mit à réfléchir à haute voix.

-Comment sais-tu que c’est à propos d’un membre de ma famille? Je n’en ai pas parlé, il me semble…

Les yeux bicolores du gringalet s’écarquillèrent pour la deuxième fois. Il lisait dans les pensés! Mon dieu, il avait dû l’entendre penser à lui caresser la joue pour vérifier la texture de l’ivoire, non, de sa peau! Et les feux d’artifices dans son index, et sa mère, avait-il entendu lorsqu’il pensait à ce qu’avait dit sa mère sur les castrats? Il ne voulait pas qu’il entende ça! Quelque part, sa mère ne le pensait surement pas, elle n’était pas une méchante femme au plus profond d’elle-même. Maintenant il avait tout d’un pervers avec cette histoire de joues en ivoire.

-Écoute, à propos de cette idée de te caresser les joues, c’était pas un truc pervers, c’est juste parce que je trouve qu’elles ont l’air d’être en porcelaine et je me demandais juste si elle avait la… même texture… Bon sang, ça a l'air vraiment stupide comme idée, dit à voix haute.

Dimitry abattit le plat de sa paume sur son front avant d’ajouter :

- Lire dans les pensées, ça doit être pratique, quand même…
Revenir en haut Aller en bas
Cael D'Eza
Habitant(e) de L'Île
Cael D'Eza


Messages : 32
Date d'inscription : 05/09/2009

Feuille de personnage
Sexe: Homme
Orientation Sexuelle: Autres
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeLun 25 Jan - 4:02

Cael fut surpris du geste de Dimitry. Il recula légèrement en sentant son doigt sur ses lèvres. C'était... agréable mais... il ne comprenait pas le geste et en fut quelque peu effrayé. Et il y avait les sentiments du jeune homme. Il ne les connaissait pas. Il ne les avait jamais ressentis, ni chez lui, ni chez personne d'autre. C'était proche de la volonté, mais ça n'était pas ça. Il fouilla dans ses souvenirs à la recherche d'indices, des émotions inconnues qu'il aurait simplement découvert dans les livres, sans jamais les avoir ressenties, certaines s'en approchaient mais... non c'était insensé.
Il secoua la tête et ne le lâcha pas des yeux, attendant qu'il parle. Il semblait décidé. Puis vint la question qu'il redoutait tant. Pris de panique, il s'éloigna et tourna la tête. Il prit quelques inspirations pour se reprendre. Il se rendit alors compte que cette panique n'était pas entièrement la sienne, et que s'il avait eu besoin de se calmer c'était parce qu'il la partageait avec Dimitry. Il tenta tout de même de se rattraper.


Si... vous avez parlé de votre mère, et vous sembliez peiné.

Ça tenait à peu près debout, mais en y réfléchissant bien, ça n'expliquait pas tout. Dimitry n'avait rien montré au moment où il avait évoqué sa mère. Les larmes étaient venues après. Il revint à la réalité en entendant les paroles étranges du jeune homme. Il fut soudain heureux d'avoir mis cette crème qui cachait son vrai teint. Il était certain que ses joues avaient rougi.

Eh bien... Je ne savais pas que vous vouliez toucher mes joues. Je ne sais pas si je dois être flatté ou pas... c'est loin d'être stupide, c'est juste... étrange, oui, c'est étrange. Ça sort un peu de l'ordinaire voilà tout.

Il marqua une pause, grimaça lorsqu'il se tapa le front et sourit à sa remarque. Lire dans les pensées ? Non, bien sûr que non ! Il avait cru la première fois que ça lui était arrivé. Tout au moins la première fois qu'il s'en était rendu compte. Il y avait de ça quelques années. Il avait toujours ressenti les émotions des autres, mais il n'y avait jamais vraiment prêté attention. Inconsciemment, grâce à son empathie, il avait évité tout contact avec des personnes qui avaient de l'aversion pour lui. Et inversement, il s'était rapproché des gens qui éprouvaient de la sympathie, sans jamais s'en rendre compte. Mais un jour, alors qu'il recherchait une partition dans la bibliothèque de l'orphelinat, il avait soudain été pris d'un mal de tête fulgurant. Il s'était alors replié sur lui-même au beau milieu des étagères. En regardant autour de lui, à la recherche d'une aide quelconque, il avait aperçu ce jeune homme qui se tenait la tête. Il avait les larmes aux yeux et la haine se lisait sur son visage. Il était en train de s'arracher les cheveux. Cael avait fermé les yeux un instant, ne comprenant pas pourquoi son esprit à lui était noyé par la haine. Il les avait ouvert à nouveau lorsqu'une douleur brève mais cuisante avait parcouru ses avant-bras sur toute la longueur, comme si une lame les avait tailladés. L'autre enfant avait alors crié. Un cri déchirant auquel Cael avait donné l'écho. L'enfant s'était ouvert les veines et il se vidait de son sang devant lui qui ne pouvait rien faire car il partageait sa souffrance. Puis, lentement, il avait senti que cette énergie étrangère le quittait peu à peu. Ne restait que la migraine, intenable. Il avait fini par s'évanouir tant la douleur avait été insupportable. Ou avait-ce été la vue du sang ? Il n'avait jamais su dire. La seule chose dont il était sûr en revanche c'est que cet après-midi, si ensoleillé fut-il, avait été l'un des plus horribles de son existence. Néanmoins, ce jour lui avait permis de découvrir ce "don" qu'il semblait avoir, et de comprendre pourquoi il évitait certaines personnes, et pourquoi il avait si souvent des maux de tête.

Je ne sais pas si c'est si pratique que ça. Ça a un côté voyeur, un peu malsain, vous ne trouvez ? En tout cas, contrairement à ce que vous semblez croire, je ne lis pas dans les pensées, sinon je ne vous aurais même pas posé ces questions.

Il esquissa un sourire, se rappelant que ça lui allait bien selon Dimitry. Puis il eut un geste irréfléchi. Il prit la main du jeune homme, avec la délicatesse d'un castrat, et, avec le même sourire, la fit glisser sur sa joue.

Ce n'est pas de la porcelaine, je m'en excuse... ce n'est qu'un artifice.
Revenir en haut Aller en bas
Dimitry Leonid Eduard

Dimitry Leonid Eduard


Messages : 28
Date d'inscription : 14/01/2010

Feuille de personnage
Sexe:
Orientation Sexuelle:
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeMar 26 Jan - 2:23

Alors il ne savait pas? Flûte, Dimitry avait toujours souhaité connaître un télépathe. D’un côté, ça le soulageait, de l’autre, il venait de dire à voix haute ce qu’il pensait tout bas sans y prêter attention. Finalement, qu’il soit télépathe ou non, le résultat était le même. Quel crétin. C’était le genre de comportement qui faisait rire son frère ainé et qui le mettait toujours dans des situations pas possibles. « Apprendre à penser avant de parler, Dimi » qu’il disait. C’était le bon temps. Quoi qu’il en fût, le soulagement l’emporta sur le reste des émotions qui attendrait en file pour le hanter plus tard.
Oui, Cael était un type bien, conclu-t-il en souriant bêtement. Il le devinait patient et calme, sans pour autant être le genre de personne à se laisser marcher sur les pieds. Quelque part, il se sentait en sécurité, même si il n’avait pas peur. Drôle de sensation.
Malsain ou voyeur, il lui semblait que lire dans les pensés avait quelque chose de spécial, comme une antisèche qui empêchait de donner de mauvaises réponses pendant ses conversations. Dimitry était aussi maladroit dans les relations sociales que dans la vie de tous les jours. Il glissait sur n’importe quelle peau de banane linguistique et se cognait la tête sur chaque coin de débat sensible. Un cauchemar ambulant. C’était l’une des nombreuses raisons pour lesquelles il s’effaçait lors des conversations et ne donnait son avis que lors d’une chute occasionnelle dans une conversation anodine. Et après avoir tourné sept fois sa langue dans sa bouche. Et après avoir vérifié tous les sens possibles. Et après avoir choisi avec minutie chacun de ses mots. Et finalement, il sortait la pire réplique, à chaque fois. Un cauchemar ambulant, il l’avait déjà dit. D’ailleurs, ces dites paroles ne venaient-elles pas à l’instant de choquer son interlocuteur? Voilà qui aurait expliqué pourquoi il s’était ainsi détourné puis éloigné, le laissant seul avec son désarroi et l’air qui semblait si léger il y a un instant et qui maintenant était trop solide pour se rendre à ses poumons. Son sourire bête s’affaissa tranquillement, l’avait-il offensé même si il disait ne pas y prêter la moindre attention. Son regard coloré glissa alors sur ses lèvres légèrement courbée en un maigre sourire et qui agit sur Dimitry comme un soufflet sur des braises, son propre sourire reprit tranquillement vie.
Sa main était tiède. Comme n’importe qu’elle main finalement. Pourtant, c’était différent de n’importe qu’elle main. C’était une pogne douce. Fragile. Lorsque ses doigts maigrelets entrèrent en contact avec son visage. Sa joue.
Qu’est-ce que c’était? Ça, oui! Juste là! Est-ce que même son cœur deviendrait maladroit et se prendrait les pieds dans ses battements? Ne venait-il pas, à cet instant même de faire un bond maladroit, comme si il venait d’oublier ça seule et unique fonction. Quel empoté. Il sentait ses joues qui brûlaient, mais ne souhaitait pas que cette sensation se taise. Ce truc sur sa peau, qu’est-ce que c’était?
Ses yeux verrons fixèrent ses propres doigts, en éventails devant son visage. Un artifice? Pour cacher quoi? On aurait dit une sorte de farine semi-détrempée. Drôle d’ « artifice ». Il approcha son index de ses yeux pour voir de quoi il en retournait. Sans en avoir l’air ce truc était plutôt surprenant.

-Ma mère en utilisait un similaire, je crois…

Une idée stupide lui passa par la tête et il le réalisa bien assez vite, mais pas assez tôt.

-Atchoum!

Effectivement, ça piquait le nez et l’odeur n’était pas spécialement agréable, put-il en conclure une fois que sa quinte de toux eût terminé de lui faire pleurer les yeux. Dimitry frotta son nez pour retirer la crème poudreuse, mais il l’étendit plus qu’il ne l’effaça.

-Rofl… Finit-il par pousser une fois que son nez fût à moitié recouvert de blanc. J’ai l’air d’un clown, maintenant…

Penaud et légèrement blessé dans le peu d’orgueil qu’il lui restait, il trouva le moyen de faire une moue boudeuse sans s’attirer un cas de conscience et soupira longuement. Moins de gaffe le matin signifie donc plus de gaffe le soir, il tâchera de ne plus oublier ce détail.
Revenir en haut Aller en bas
Cael D'Eza
Habitant(e) de L'Île
Cael D'Eza


Messages : 32
Date d'inscription : 05/09/2009

Feuille de personnage
Sexe: Homme
Orientation Sexuelle: Autres
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeMar 26 Jan - 4:56

Il ressentit quelque chose d'étrange chez Dimitry. De la surprise ? Il n'en était pas sûr, en revanche, ce dont il était sûr c'est que le jeune homme était perplexe devant sa crème. Il sourit en le regardant observer le dépôt sur son doigt. Vint ensuite quelque chose de beaucoup moins agréable. La quinte de Dimitry lui avait fait un mal de chien, il se racla la gorge, inutilement, ce n'était pas la sienne qui était irritée par la poudre.
Il émit un petit rire en le voyant l'étaler et se ravisa aussitôt quand la vexation du jeune homme le heurta de plein fouet. Il avait honte.


Vous n'avez pas l'air d'un clown, allons... vous avez l'air de quelqu'un qui s'est mis de la crème blanche sur le nez et qui n'arrive plus à l'enlever. Ne bougez pas...

Il se leva et alla chercher une petite bouteille sur sa tablette. Il se saisit d'une flanelle noire et revint s'accroupir en face de Dimitry. Il ouvrit la bouteille, appuya la flanelle sur le goulot qu'il renversa et approcha le tissu humide du nez de son camarade.

Ne t'inquiète pas, ce n'est qu'un simple démaquillant tout ce qu'il y a de plus neutre. J'ai une peau très sensible et je n'ai jamais eu de problème avec.

Étrange de parler de ses problèmes de peau avec une personne qu'on ne connait que depuis quelques minutes. Il arrêta d'y penser et s'évertua simplement à enlever les dernières traces blanches soigneusement. La flanelle humide en était désormais maculée. Il ferma la bouteille et alla la reposer sur la tablette avant de jeter le tissu dans une corbeille en osier. Il s'assit devant la tablette et se regarda dans le miroir. Il en manquait un peu sur sa joue. Délicatement, il étala une minuscule noisette sur la zone où étaient passés les doigts de Dimitry avant de se retourner et de lui sourire.

Je vois que ça ne vous démange plus. C'est étrange que vous ne supportiez pas ce fard. Il n'a pourtant rien d'agressif... En tout cas vous savez maintenant que mes joues ne sont pas en porcelaine.

Il rit... était-ce vraiment un rire ? Un son cristallin s'était échappé de sa bouche, il n'aurait su dire s'il avait s'agit d'un rire ou non. Il ne s'était pas entendu rire depuis le jour de sa castration -le mot en lui-même lui donnait des frissons. Il n'était plus sûr d'en être capable et en avait même oublié la sonorité. Un air d'opéra lui revint en tête, ravivé par ce rire. Il ne l'avait que très peu chanté. Comment s'appelait-il déjà ? Oh ! Venti turbini... un air de Rinaldo d'Händel... Il se rappelait qu'il le mettait en joie chaque fois qu'il l'avait chanté. Il se perdit dans ce souvenir et, inconsciemment se mit à la chanter, doucement d'abord puis sa voix alla crescendo. Quel air magnifique !
Enivré, il ferma les yeux et se laissa porter par sa propre voix. L'espace d'un instant, il se vit dans un immense théâtre du XVIIIème. Tout ce faste, tout ce monde, cette admiration de l'époque. C'était tellement agréable. Pourquoi les castrats étaient si mal vus de nos jours ? Pourquoi étaient-ils traités comme des erreurs ? Comme des monstres ? Une larme de rage coula sur sa joue. Pourquoi ces hommes avaient-ils fait de lui une créature aussi fascinante que repoussante ?
Revenir en haut Aller en bas
Dimitry Leonid Eduard

Dimitry Leonid Eduard


Messages : 28
Date d'inscription : 14/01/2010

Feuille de personnage
Sexe:
Orientation Sexuelle:
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeMer 27 Jan - 3:37

Dimitry connaissait la douceur des femmes. Sa mère n’était pas le genre de femme qui pouvait créer la douceur, mais elle n’était pas la seule à être entré dans la vie du jeune homme. Sa nourrice, certaines des petites amies de son frère, quelques fugaces connaissances à l’école. Une femme pouvait être capable d’une sorte de douceur « magique » qui consolait ou encore pouvait guérir des blessures d’un geste. Comme la voisine de palier qui l’avait réconforté lorsqu’il s’était blessé en apprenant le vélo. En la regardant comme ça, Mrs Smith ne semblait doté d’aucune forme de douceur; Le nez busqué, joufflue, elle dégageait une odeur de pin caractéristique à la voisine de palier un peu louche qui passait la journée devant son fourneau sans jamais dévoiler le résultat de sa dure labeur. Pourtant, cette journée-là, le verre de lait qu’elle lui avait glissé sous le nez lui avait réchauffé le cœur comme un feu de joie dans une tempête de neige.
À cet instant, alors qu’il se débattait avec son nez enfariné, Cael lui rappelait Mrs Smith. Non pas qu’il soit bien en chair et dégage une odeur caractéristique à un épicéa quelconque, mais il avait cette douceur insoupçonnée. Alors que Dimitry l’avait vu froid et distant, il se révélait presque … plus réconfortant que cette « douceur magique » qu’il avait découvert chez la gente féminine. Quelque part, il était comme son frère, mais ses gestes remplaçaient ses paroles. David n’avait jamais été un adepte des accolades. Sauf avec les filles. Avec les filles, il n’en avait jamais assez. Un sourire en coin fit une brève apparition à cette pensée. David Leonid Eduard. Son frère. Il lui manquait, énormément. Un petit pincement vint troubler la cadence infernale que son cœur avait adoptée depuis maintenant assez de temps pour que le maladroit s’y soit habitué.
Ah? Il avait la peau sensible. Dimitry ne put s’empêcher de penser que ce devait être à force de s’enfariner le visage. C’devait pas être très saint, selon lui. Au moins, il mangeait assez de légume. Son sourire mièvre se transforma en un petit sourire timide en entendant ce qu’il crût plus pratique de qualifier de rire plutôt que se perdre en comparaison qui n’aurait fait que résumer ce qui caractérisait un rire. S’en suivit une mélodie. Une mélopée délicate, d’abord murmurée à voix basse puis elle prit de l’ampleur et bientôt la pièce fût remplie de la voix du jeune castrat. Dimitry ne savait pas si c’était bien ou non, mais il s’accorda pour dire qu’il trouvait cette voix magnifique, même si la manière dont il l’avait obtenue n’était pas très orthodoxe.
L’adolescent maigrichon se leva et s’approcha lentement – infiniment lentement- de la maquilleuse antique devant lequel était assis son camarade. Il était presque arrivé à la hauteur du garçon lorsqu’il aperçut la larme dans le reflet du miroir. Une seule, encore. Soudainement, Dimitry était minuscule. Une mouche- non- une araignée qui contemplait une fleur perdre tranquillement ses pétales et qui ne pouvait rien pour l’arroser. Lui rendre la vie. Les araignées n’avait aucun lien direct ou indirect avec les fleurs ou autres plantes. Il n’avait aucun lien direct ou indirect avec Cael. Le pauvre blondinet se recroquevilla intérieurement sur lui-même. Il ne pouvait rien pour lui? Rien de rien. Il n’était qu’une maison en carton face à la tempête. Aussi utile qu’un sac en papier lors du déluge.
Genoux à terre, Dimitry tourna légèrement le jeune homme vers lui. Peu importe si il n’avait pas cette délicatesse, peu importe si il n’était qu’une minuscule cabane contre un cyclone, peu importe si les araignées n’avait aucun lien avec les fleurs, peu importe si il se mêlait de ce qui ne le regardait pas. Avec la manche de son chandail rayé, il tamponna avec la douceur maladroite d’un maladroit du réconfort. L’araignée avait beau ne pas avoir de lien avec la fleur, elle pouvait toujours fixer ses pétales avec sa toile. Le petit cabanon avait beau être fragile, il pouvait tenir le coup. Il allait tenir le coup.
Plongeant son regard bicolore dans le sien, Dimitry sourit calmement à son camarade.

-Quand j’était petit, mes parents se disputaient toujours. Il n’y avait souvent aucune raison pour ça. Ils hurlaient, lançaient des objets. Il y avait parfois du sang, souvent des larmes. Pendant ce temps, je me réfugiais dans ma chambre et je pleurais. C’était comme si il n’y avait que les cris dans mes oreilles. Mon cerveau s’embrumait, ma vue aussi. Je me suis mis à en vouloir terriblement à mes parents parce qu’ils me rendaient aveugle. Je ne voyais plus les arcs-en-ciel, ni le soleil, juste un brouillard de larme. Je voulais que les cris se taisent pour entendre à nouveau le chant des oiseaux et la musique. Un jour, mon frère est venu me voir et il a essuyé mes larmes, comme ça… Enfin, je ne suis pas très douée, moi, mais l’idée était la même. Ensuite il m’a dit : « Dimi, ce n’est pas moi qui t’ai fait mal, je ne pourrai pas m’excuser ou faire disparaître la douleur dans ton cœur, malgré tout, je peux faire de mon mieux pour sécher tes larmes pour te rendre la vue et te chanter au creux de l’oreille pour faire taire les cris. » ( Une larme venait de s’échapper de la paupière du gringalet.) Mon grand frère… il a tenu sa promesse, jusqu’au bout. Il a fait ce qu’il a pu.

Un sourire se dessina parmi ses larmes.

-Moi aussi je veux faire comme lui. Je vais essuyer les larmes qui te cacheront la beauté de ce monde et … eh bien j’espère trouver un moyen de te faire peut-être rire à nouveau. Il semblerait que j’en sois capable. Tu m’excuseras de ne pas chanter, mais si tu tiens à garder tes oreilles intactes, il vaut mieux que je n’essaie même pas.

Sa dernière larme tomba sur sa cuisse et il offrit un clin d’œil à son interlocuteur avant de se relever et lui tendre la main.

-On pourrait devenir ami, si tu veux bien.

Cette anecdote d’une banalité presque honteuse avait pourtant libéré Dimitry d’un seul coup. Comme si soudainement sa tête était plus légère et qu’un nœud dans son estomac s’était dénoué avec des mots aussi vides de sens. Jamais encore le jeune Eduard n’avait encore osé demander à quelqu’un s’il voulait être son ami. Il ne savait pas si c’était de la timidité ou de la peur, mais il se sentait étrangement bien. Comme lorsqu’on commande tout seul pour la première fois au restaurant. Veux-tu être mon ami? C’était tout bête, mais pourtant, jamais il n’avait fait ce genre de proposition. Sans trop savoir pourquoi, il crut bon d'ajouter un:

-S’il te plaît, Cael.
Revenir en haut Aller en bas
Cael D'Eza
Habitant(e) de L'Île
Cael D'Eza


Messages : 32
Date d'inscription : 05/09/2009

Feuille de personnage
Sexe: Homme
Orientation Sexuelle: Autres
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeMer 27 Jan - 5:29

Cael fut surpris de l'attention de Dimitry. Et plus encore par sa sincérité et la confiance qu'il lui accordait. Il y avait aussi ce désir de rattraper une faute qu'il n'avait pas commise. Il l'écouta parler silencieusement, ne le lâchant pas des yeux. Il retint les larmes qui ne demandaient qu'à couler pour rejoindre celle du jeune homme.
Ainsi c'était à cause de ses parents qu'il était si triste. Lui qui avait toujours désiré connaître les siens. Il ne s'était jamais vraiment demandé ce que ça aurait été, si sa vie de famille aurait été belle. Mais il était inutile de se poser ce genre de question, puisque de toute façon, il avait grandi dans un orphelinat et que ses parents n'avaient laissé aucune trace d'eux. Étrange, d'ailleurs... Avaient-ils eu honte de lui ? Étaient-ils si pauvres qu'ils n'auraient pas été capables de s'occuper de lui ? Ses parents étaient-ils seulement en vie ? Même ça il était incapable de le savoir.
Son attention revint sur Dimitry, il sourit, puis lui tendit un mouchoir.


Dans l'instant présent, il semblerait que ce ne soit pas mes larmes qui doivent être essuyer... Et les miennes ne sont pas assez nombreuses pour me cacher la beauté du monde et des gens, comme vous, qui m'entourent...

Il marqua une pause, toujours aussi souriant et reprit.

Je ne vais pas vous forcer à chanter si vous ne vous en sentez pas capable. Mais vous devriez essayer, le meilleur moyen d'avoir une belle voix, c'est de la travailler...

Il le regarda se lever et lui tendre la main, perplexe, et fut une nouvelle fois frappé apr cette sincérité, et cette candeur presque enfantine qu'il voyait en lui et dans son regard verrons. Le bien-être de Dimitry fut aussi contagieux que ses larmes, et Cael ne put s'empêcher de sourire de plus bel. Il attrapa la main qui lui était tendue et se leva.

Je veux bien être ton ami.

Il eut un léger sursaut en s'entendant le tutoyer. Mais après tout, c'était normal. Il avait pris cette habitude de vouvoyer tout le monde, mais les adolescents devaient certainement trouver ça désuet, et il devrait se faire violence pour arrêter de le faire à tout va.

On ne dirait certainement pas, mais j'en suis ravi. Cependant, tu ne devrais pas te sentir coupable ou je ne sais quoi, tu n'es pas responsable de ma castration, tu sais...

À quoi bon faire comme s'il ne savait rien, de toute façon, il fallait bien que Dimitry sache qu'être ami avec lui impliquait de ne rien pouvoir cacher.
Revenir en haut Aller en bas
Dimitry Leonid Eduard

Dimitry Leonid Eduard


Messages : 28
Date d'inscription : 14/01/2010

Feuille de personnage
Sexe:
Orientation Sexuelle:
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeJeu 28 Jan - 0:05

Après le suspense, le soulagement. Sa première demande d’amitié serait la première acceptée, voilà de quoi remonter le moral de n’importe qui et Dimitry faisait parti de cette catégorie d’individus. Il aurait probablement sauté au plafond s’il n’avait pas eu peur de briser celui-ci ou son crâne, voire les deux, se connaissant, ça ne l’aurait pas vraiment étonné. Il se contenta donc d’un sourire béat, peut-être un peu stupide, sans plus. Son frère serait fier de lui! Il aurait enfin une raison de l’être. C’était comme si le petit feu d’artifice dans son index avait décidé de s’étendre sur le reste de son corps.
Si l’expression générale de Cael aurait pu faire glacer les larmes sur un visage en pleur, Dimitry avait su apercevoir dans son regard un petit quelque chose en plus. Une minuscule étincelle qui lui envoyait la main du fond de sa prunelle; le garçon lui lança un sourire reconnaissant. Oui, son interlocuteur avait l’air ravi, à sa façon, voilà tout.
Le don du jeune chanteur le surpris un peu, mais il s’y habituerait probablement. Ils auraient tous les deux à s’habituer à l’autre de toute façon et si Cael le supportait, Dimitry serait capable d’en faire autant. Ça rendrait peut-être la communication plus facile d’une certaine façon. Les trucs difficiles à dire ou à décrire, il les comprendrait même si l’adolescent étourdi se perdait dans ses propos. Ce sera plus problématique au niveau des secrets, mais en même temps, Dimi n’avait jamais su garder ce genre de chose. Garder des chats est une chose, garder un secret en est une autre. Les petits secrets, s’entend! Beaucoup de lourd secret reposait sur ses épaules squelettiques et ces bras anorexiques avaient soulevé beaucoup de poussière pour les hisser sur celles-ci.
Au bout de plusieurs minutes, l’adolescent commença à se demander s’il ne devrait pas lâcher la main de son nouvel ami. Il s’auto-acquiesça et relâcha son étreinte manuelle en faisant tourner son chapeau sur sa tête nerveusement.

-Oui, je suppose que tu as raison. Désolé.

À vrai dire, il ne savait pas pourquoi il se sentait aussi coupable. Depuis qu’il se sentait coupable de n’avoir rien fait, ce sentiment n’avait pas arrêté de croître, il se sentait responsable de sa tristesse. Mais pas pour les raisons qu’il pensait.
Avec précaution, Dimitry reprit place sur le lit – ses fesses vécurent de grandes retrouvailles avec leur lit bien aimé, mais nous ne sommes pas là pour entendre cette histoire d’amour impossible pour l’instant.- et se décalotta.

-Seulement, ce n’est pas que je me sens responsable. Je ne me sens pas… vraiment responsable, de ta…ton… ce qui t’es arrivé. (C’était à son tour de répugner à prononcer ce mot.) Je me sens coupable de ne rien pouvoir faire pour que tu te sentes mieux. Essuyer tes larmes, c’est à la portée de n’importe qui, mais faire taire tes sanglots… Je ne peux rien faire pour ça. Je me sens coupable parce que je ne peux pas te faire oublier la douleur. Parce qu’en somme, je ne sers pas à grand-chose, maintenant…

Bien sûr, pour réconforter quelqu’un, il n’était pas recommandé de tenir un discours aussi déprimant, mais Dimitry n’aimait pas mentir aux gens, encore moins lorsqu’ils étaient des amis. Depuis combien de temps n’avait-il pas eu d’ami, d’ailleurs? Longtemps. Très longtemps.

-Allons, ce n’est quand même pas le moment de m’apitoyer sur mon sort, il faut … je ne sais pas, moi. Que fait-on quand on se fait des amis? J’ai complètement oublié. Ça fait tellement loin. En même temps, ma mémoire me fait défaut aujourd’hui, on dirait.

En y repensant, elle lui faisait défaut depuis qu’il l’avait rencontré, mais dit ainsi il aurait pu mal le prendre alors qu’en fait, son état actuel lui plaisait beaucoup. Il était… incroyablement serein. Sa première amitié ne lui avait pas causé tant de bonheur dans ses souvenirs. En même temps, avec sa mémoire défaillante, il était difficile de dire ce qu’il avait ressenti. Et peut-être avait-ce un rapport quelconque avec la puberté? Les hormones, tout ça, ça devait amplifier les émotions, d’une manière ou d’une autre. À moins que ce ne soit un problème de glandes? Ça expliquerait aussi pourquoi il pleurait comme une madeleine depuis tout jeune. De fil en aiguille, il oublia presque son interlocuteur et lui sourit bêtement.

-J’avais oublié que ça faisait ça. C’est drôle comme sensation l’amitié. ( Il marqua une pause durant laquelle il remit puis ôta son chapeau avant d’accepter de le laisser sur l’oreiller.) Tu n'allais pas quelque part? J'y ai pas vraiment pensé et je me suis un peu invité, comme qui dirait. Si jamais je gênes... Enfin, si tu as le temps, tu pourrais peut-être m'apprendre un peu ce qu'ils font les amis?

Dimitry se doutait que la question paraissait stupide, mais pour éviter les faux-pas, il fallait poser des questions. Suivre la bonne démarche. Cael n’était peut-être pas un expert en amitié – peut-être aussi, l’était-il. Dans ce cas, sa demande avait dû lui paraître aussi enfantine qu’incongrue, mais en même temps mieux valait éviter de penser à ce genre de détail.- mais il devait avoir plus d’expérience que lui dans le domaine, d’une façon où d’une autre.
Revenir en haut Aller en bas
Cael D'Eza
Habitant(e) de L'Île
Cael D'Eza


Messages : 32
Date d'inscription : 05/09/2009

Feuille de personnage
Sexe: Homme
Orientation Sexuelle: Autres
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeJeu 28 Jan - 5:29

Le castrat sourit. Tout son visage se mit à sourire. Depuis combien de temps n'avait-on pas pu lire ce qu'il ressentait sur son visage ? L'avait-on jamais fait ? Non, il n'avait jamais eu à montrer ses émotions à quiconque. L'orphelinat était une très vieille institution. Pas de psychologue, pas de personne à qui parler. Juste un reflet dans un miroir, une feuille blanche sur laquelle promener sa plume.

Ne te sens pas responsable de ça. Tu arrives à me faire sourire, et essuyer des larmes c'est réconfortant. Mais... j'ai vécu des années dans un orphelinat, sans d'autres soutiens que mes connaissances et tout ce qui pouvait m'en apporter. Je me félicité sans aucune trace de vantardise d'être désormais un virtuose, et je m'accroche à ça pour ne pas tomber.

Il marqua une pause pendant laquelle ses yeux se perdirent dans le lointain. L'orphelinat... quinze ans de sa vie... Il revint à Dimitry.

Il y a maintenant plus de quinze ans, on m'a trouvé dans un couffin dans une ruelle du quartier d'Eza, je ne sais pas si tu connais ce quartier il est à l'opposé du pensionnat et, à vrai dire, il n'y reste plus grand chose de très intéressant. Une clocharde, morte, croyant bien faire, m'a déposé devant les portes de l'orphelinat de l'île. On m'y a appris beaucoup de choses, et en ça je ne peux pas en vouloir à mes éducateurs. Néanmoins, ils ne m'ont pas offert tout ça gratuitement. Ils m'ont fait... payer leur éducation, car j'ai reçu, à ma naissance, une voix en or, comme ils se plaisaient à le dire. Si je ne peux pas m'en plaindre, j'ai eu beaucoup de chance contrairement à d'autres, je dois dire qu'elle ne m'a pas apporté que du bonheur. Pour s'assurer que je ne perdrais jamais ma voix, j'ai été sopranisé. Comme tous les enfants de l'orphelinat. Je devais aller ailleurs qu'ici, et je suis reconnaissant envers M. Bartavelle d'être venu me chercher là-bas avant que je n'atterrisse je ne sais où...

À nouveau il se tut. Et songea à la réflexion de son interlocuteur, à ses questions sur l'amitié.

Je ne sais pas si je pourrais t'être d'une grande aide... Je connaissais des gens, nous nous connaissions, nous parlions, mais nous ne nous attachions jamais les uns aux autres. Alors... eh bien il va falloir qu'on apprenne au mieux à se comporter en amis.

Il regarda autour de lui et prit la redingote qu'il avait posé sur son fauteuil et l'enfila prestement.

Tu ne gênes pas, au contraire, j'allais en salle de musique pour m'exercer un peu. Je sais que les examens ne sont pas tout proches, mais si je ne m'entraîne pas, j'ai peur d'oublier ce que je sais. Si tu veux venir, j'en serais ravi.

Il sourit, encore une fois. Il préférait de loin répéter seul, mais il ne voulait pas laisser Dimitry seul, surtout maintenant, ç'aurait été ingrat de sa part.

Tenté ?
Revenir en haut Aller en bas
Dimitry Leonid Eduard

Dimitry Leonid Eduard


Messages : 28
Date d'inscription : 14/01/2010

Feuille de personnage
Sexe:
Orientation Sexuelle:
Statut :

C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitimeVen 29 Jan - 1:53

Apparemment Cael avait lui aussi des problèmes de mémoires puisqu’il marquait de nombreuses pauses dans ses histoires. À moins qu’il ne se perde dans ses histoires, ça arrivait aussi au maladroit qui le fixait en silence, parfois un sourire aux lèvres, parfois le front plissé, dépendamment de son émotion du moment. Lui non plus, il n’avait pas l’air d’avoir eu une enfance facile. Ils se ressemblaient, finalement. Sans vouloir dire que le chanteur avait d’énormes pieds et semblait avoir été modelé par une divinité n’ayant que vaguement entendu parler du principe de proportions. Non, Cael était parfaitement proportionné. D’après ce qu’il voyait en le lorgnant timidement de temps à autre. Dimitry avait toujours l’impression que s’il le regardait trop longtemps, il n’arriverait plus à s’arrêter. Quelque part, sa mère aurait probablement été très fière d’avoir un fils comme lui. Il n’y avait aucune raison qui justifierait que ses parents l’abandonnent. Il le voyait fort, stylé, en fait, autant ils se ressemblaient, autant lui et son ami étaient différents.
Si il n’y avait pas eu cette lettre, jamais Cael n’aurait adressé la parole à Dimitry, jamais ils ne se seraient rencontré, jamais ils ne seraient devenu amis. Cette lettre qui était maintenant réduite à l’état de vulgaire boule de papier légèrement boueuse au fond de sa poche.
Et s’il décevait son ami comme il a déçu sa mère? Peut-être n’apporterait-il à Cael qu’une nouvelle source d’ennui. C’était trop tard, l’adolescent lui avait déjà demandé, il avait déjà serré sa main, elle en était encore couverte de feux d’artifices. Lorsqu’il ajouta qu’il ne s’était jamais attaché à personne, ce fût le coup de grâce. Comme le bruit du gong qui fait vibrer le sol.
Dimitry ne pouvait plus reculer, mais il n’en avait pas envie. Il voulait protéger Cael de sa maladresse, mais pour une fois, il avait envie d’être égoïste. Sans savoir pourquoi, il sentait qu’il avait besoin de cette amitié, même si elle devait s’avérer catastrophique. Même si elle le blessait? Et si elle ne le blessait pas. Il en était capable. Jamais il ne lui ferait de mal volontairement et s’il y mettait toute sa détermination, il ne ferait aucune erreur. Il allait oublier cette peur qui l’empêchait de vivre du bon temps, être égoïste s’il le fallait et sourire à ce visage rayonnant, si doux au toucher. Ce n’était pas de la porcelaine, juste de la peau… de la peau très douce. Déjà la sensation semblait s’estomper dans sa tête, était-ce comme du velours? Ou alors comme la soie? Légèrement douillet? Sec? Comme une pêche? Non! Il ne voulait pas l’oublier.
La voix de son camarade le sortit de sa torpeur. Aller avec lui? L’écouter chanter à nouveau? Bien sûr qu’il était tenté. Droit comme un I, il s’entendit dire : « Plus que tenté! On m’offre une représentation privée et gratuite, je serais bête de refuser. » Puis il s’entendit rire et s’entendit se trouver bête. Assez étrange comme sensation, être le spectateur de sa propre existence. Surtout lorsqu’on ne dit que de mauvaises blagues et qu’on en rit – avec un rire de hyène qui aurait respiré trop de « poudre à visage »-. Mieux valait garder le contrôle, parfois l’excitation lui faisait faire des choses étranges.
Dimi se jeta vers la porte en enfilant son chapeau, on aurait dit un chien auquel on avait promis une marche depuis des lustres et qui allait enfin l’avoir.

-Je suis peut-être trop énervé? C’est qu’une sorti entre ami, faudrait pas que ça me fasse cet effet à chaque fois, sinon tu finiras par me trouver bizarre, s’exclama-t-il en ouvrant la porte. Enfin, encore plus bizarre.

Le garçon tint la porte ouverte jusqu’à ce que Cael sorte et attendit patiemment qu’il se mette en marche. Si il avait été un canidé, il aurait probablement attendu en remuant la queue, mais étant pourvu d’une colonne vertébrale plutôt restreinte il se contenta de sourire largement.



[HRP: la suite, ici : https://psycadelice.forumsrpg.com/salles-de-cours-f54/repetition-suite-de-c-etait-donc-catoujours-ouvert-t70.htm#419 ]
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





C'était donc ça... [ouvert] Empty
MessageSujet: Re: C'était donc ça... [ouvert]   C'était donc ça... [ouvert] Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
C'était donc ça... [ouvert]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Mémorisation de la chambre et rangement [ouvert]
» Retour au pensionnat [suite, ouvert]
» Répétition... [suite de C'était donc ça...][toujours ouvert ;)]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
L'Autre Côté du Miroir :: L'île :: Pensionnat :: Second étage :: Chambres des Garçons-
Sauter vers: