Arrivée à la mairie

Dans les Rues Commerçantes à La Foire des Déciles, une rencontre étrange.
C’est comme si la mince barrière entre le rêve et le cauchemar avait été franchis. Nana marchait dans les rues depuis maintenant près de deux heures. Il avait du sang plein les mains, le regard complètement vide. Lorsqu’il s’était réveillé se matin là, il avait vu son ami, sans vie sur le sol de leur chambre d’hôtel. Prit de panique, le jeune garçon avait tenté le tout pour le tout afin de le ranimé, mais la vie avait déjà quitté le corps de son compagnon avant même qu’il n’ait ouvert l’œil se matin là. Le propriétaire c’était chargé de tout et Nana s’était vite retrouvé à la rue. Sans aucun vêtement autre que ceux qu’il portait présentement et qui était maintenant saturé d’hémoglobine. Ses pas finirent par le mené directement dans un homme, assez maigrichon, portant une queue-de-pie rayé et un haut-de forme.

-Faîtes attention, jeune homme! S’exclama-t-il en se retournant. Il faut regarder où on met les pieds…

Nana observa l’homme qui, à la vue du sang sur la camisole du garçon, émit un petit couinement, s’apparentant à celui d’un chien. L’adolescent ne réagit pas, toujours à moitié dans les vapes. Il entrouvrit la bouche, mais l’homme spaghettis, qui ressemblait plus à une caricature qu’à un homme normal, l’interrompit brusquement.

-Que vous est-il arrivé, mon jeune ami? Non, ne répondez pas. Je ne veux pas le savoir. Dites-moi, quel est votre nom? Vous n’en avez pas! Eh bien, dites-donc, vous êtes assez spécial je dois dire! En tout cas, je me prénomme Halgazard, mais appelez-moi, Hal, je vous en pris. Venez, suivez-moi, nous allons vous trouver une tenue plus présentable et nous irons voir le maire afin qu’il puisse vous aider.

Halgazard entraina Nana à travers les différentes rues, poursuivant son monologue qui ne semblait pas avoir de fin. Alors qu’à première vu, il semblait d’un naturel silencieux, l’homme ne semblait plus pouvoir arrêter le flot continu de parole qui coulait de sa bouche, telle une chute d’eau. Nana eût un peu peur, au début de se faire entrainer par le courant de sa pensé, mais heureusement, il se rendit bien vite compte que c’était sans danger. Il écouta parler Halgazard tout le long du trajet et lors des nombreux essayages dans les différentes boutiques. Le jeune amnésique n’avait pas prononcé un seul mot encore, l’homme menait très bien la conversation tout seul.

Finalement, après plusieurs heures de magasinage, Nana était maintenant vêtu d’une camisole pour homme blanche en coton, ainsi qu’une veste de cuir noire. Il passerait probablement plus inaperçu qu’avec ses vêtements couvert de sang. Hal insista pour l’amener voir le maire de la ville malgré toute les protestations muettes dont Nana avait fait preuve. Finalement l’homme sourit au jeune garçon, lui prit la main et frappa quatre fois le sol avec sa canne. Aussitôt, les dalles de bétons qui formaient le trottoir disparurent et une fumée grisâtre s’échappa de l’extrémité inférieure de l’objet pour s’élever rapidement.

-Direction, la mairie! Parvint-il à entendre alors que son interlocuteur disparaissait dans le nuage de fumée, l’emportant avec lui par la même occasion.

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Après quelques secondes, la nappe de volute grise s'estompa laissant apparaitre devant le regard ébahi du jeune homme un immense manoir. Affichant un air satisfait, Halgarzard s'approcha de l'immense grille qui ceinturait le manoir de la mairie et sonna sur la petite sonnette à l'aide de sa canne. Maintenant qu'il le remarquait, Nana se rendit compte que le pommeau de l'objet représentait fidèlement une tête de lièvre en ivoire. Le garçon observa l'ouvrage un bon moment alors qu'Halgazard tapait nerveusement la tête de l'animal.

-Je suis certain que le maire s'occupera de ton cas, il suffira de te trouver un travail ou je ne sais quoi, les jeunes gens ont toujours de nouvelles activités farfelues. Bien que je les comprennent parfois de trouver le temps long...

Nana écoutait encore une fois d'une oreille les commentaires de sa nouvelle connaissance, détaillant le magnifique bâtiment à travers le grillage. Un labyrinthe, une cours étrange où des d'étranges individus s'amusaient à frapper des boules colorées à l'aide d'un maillet. L'adolescent désigna les personnes du doigt à l'homme spaghettis.

-Ah! Je vois que vous vous intéressez au croquet. C'est un sport très intéressant, le but étant de pousser les boules que tu vois à travers les petites portes, Expliqua-t-il.

Il se mit alors à déblatérer des anecdotes à propos de quelques unes de ses connaissances lors de partie de croquet, sans pour autant éviter de s'éloigner du sujet. Finalement, la grille s'ouvrit et ils purent entrer dans le jardin, longeant l'herbe fraichement coupée sur une petite route de brique jaune qui les mena jusqu'à l'imposante porte, qui semblait déjà gigantesque de loin. Une fois devant la porte, Halgazard s'immobilisa et indiqua d'un signe de main à Nana qu'il devait en faire autant. Le jeune garçon soupira.

-Ne soyez pas impatient, jeune homme! Ce n'est pas comme si nous étions pressé, d'ailleurs j'entends des pas.

Effectivement, des bruits de pas sur un plancher de marbre semblait indiquer que quelqu'un s'approchait de la porte. Nana sentit son estomac se contracter. Halgazard lui se tenait droit, ce qui lui donnait un air encore plus grand. La première image qui passa par la tête de l'adolescent fût une allumette, ce qui lui décrocha son premier sourire de la journée. Puis, il entendit un grincement, la porte s'ouvrait.

Quelle heure pouvait-il être ? Personne ne pouvait le savoir puisque le temps n'avait plus d'heure et l'heure n'avait plus de temps ici. Psycadélice était suspendu dans l'atmosphère. Le temps n'était plus au gout du jour, le jour n'était plus qu'au temps des souvenirs. Plus d'horloges, plus de montres, ici tout s'arrêtait pour le meilleur comme pour le pire des habitants et esclaves de ce monde tordu. Allongée dans le divan de sa bibliothèque, le Maire avait fermé ses yeux critallins et laissait divaguer ses pensées dans la pièce. Elle était encore en train de patauger dans ses douloureux souvenirs à la recherche de réponses qui lui avaient auparavant échappées. Ses lèvres étaient d'un bleu naturel, son teint était aussi blanchâtre que la craie des écoliers, ses cils était d'un noir ébène et son corps était aussi jeune est ferme que celui d'une jeune femme. On pouvait facilement classer Madame le Maire dans les beautés Cadaveriques de Psycadélice. Alors que notre immortelle était plongée dans ses pensées le grincement de la porte lui fit ouvrir d'un seul coup ses yeux de biche. Elle passa les longs doigts de sa main droite sur son front, ses ongles étaient des plus impressionnant, ils devaient mesurer dans les cinq centimètres chacun et étaient peints de noirs. Bien qu'elle était allongée dans son divan sa robe noire traînait au sol. Ainsi elle ressemblait à une veuve, une morte, à un ange à qui on avait arraché les ailles. Madame le Maire avait toujours étés une de ses poupées en porcelaine qu'on avait peur de toucher. Bien qu'elle pouvait paraître fragile, à l'intérieur d'elle se cachait un véritable monstre qu'il était bon de ne pas réveiller.

- Vous avez de la visite, Madame... J'ai cru reconnaitre Halgazard, il est accompagné d'un jeune homme de forme humaine. Dois-je leur dire de repasser plus tard ?

Dorothy se releva doucement, frottant avec ses fines mains son visage froid. Elle n'écoutait que d'une oreille les paroles de son major d'homme jusqu'au moment où il prononça le mot "humaine". Elle releva la tête et tendit la main vers Winston, celui-ci lui apporta sans plus attendre un verre à pied remplit d'un breuvage noir.

- Accompagnez les jusqu'à la table au fond du jardin... J'arrive tout de suite.

- Bien Madame, désirez-vous prendre là-bas votre thé ?

- Pourquoi ne le prendrais-je pas là-bas ?

Winston ne répondit pas, il tournât aussitôt les talons et alla ouvrir aux visiteurs. La gigantesque porte s'ouvrit dans un grincement abominable, Winston sortit et referma doucement la porte derrirère lui. On vit à instant une silhouhette à quelques metres derrière la porte, Dorothy était enfin debout, elle craqua son cou tout en fixant les yeux d'un jeune garçon jusqu'à ce que la porte d'entrée ne se referme. Le major d'homme se frotta les mains et indicât d'un geste de la main une table au fond du jardin.

- Le Maire vous recevra à cette table, ne soyez pas en retard, elle déteste les êtres en retard.

Sur cette fin de phrase, le regard vide et glacial du domestique fixa lourdement celui du jeune adolescent qui accompagnait Halgazard. Puis il releva la tête vers Halgazard avec une sourire moqueur.

- Il y a bien longtemps qu'on ne vous avez point vu dans les parages après cette magnifique partie de croquet cela chagrina d'ailleurs Madame. Désirez- vous une boisson en attendant le Maire ?

Winston remettait correctement ses gants blancs en attendant les commandes des deux visiteurs. Dorothy quant à elle les observait du premier étage de son manoir tout en cherchant son grand chapeau à plume de Dodo.

Halgazard accepta volontiers un bon thé et se retourna vers l’adolescent qui, encore intrigué par l’attitude des curieux personnages, hocha la tête négativement. L’homme se chargea de faire la traduction pour le domestique, non sans se retenir d’ajouter que : « Ce jeune homme n’était pas très bavard. » et qu’il aimait bien ce garçon. Le domestique le regarda, le regard toujours aussi froid et dur. Complètement perdu, Nana détourna le regard vers la table où ils étaient conviés.

-Eh bien, dépêchons-nous, mon garçon, nous ne voudrions pas faire attendre le maire ! Hal poussa le jeune garçon vers le jardin et se retourna vers le major d’homme. Merci bien, Winston.

Les deux compagnons se rendirent à la table au fonds du grand jardin et prirent place sur les chaises blanches joliment travaillée, ornée des motifs présent sur les jeux de cartes. Halgazard prit place sur la chaise représentant le trèfle, Nana allait prendre la chaise représentant le cœur mais son … ami, lui indiqua d’un regard soutenu qu’il ferait mieux de choisir une autre chaise. Nana s’assied donc sur la chaise arborant le sigle du carreau. Nana regarda l’homme spaghettis, toujours en train d’élaborer des théories qui aurait pu pousser les deux personnes qu’il avait vu à le regarder de cette façon.

-Allons jeune homme, ce n’est pas le moment de faire cette tête voyons ! Le maire va s’occuper de ton cas et tout ira mieux. Je sais que tu es capable de sourire, tu l’as fait lorsque nous attendions devant la porte. Je connais une demoiselle qui n’est plus capable de sourire. La pauvre, elle en souffre beaucoup… mais, ce n’est pas pour autant qu’elle ne peut vivre une vie tout à fait acceptable. Je devrais la revoir un de ces jours… Il y a si longtemps que je n’ai pas revus cette adorable jeune fille…, Et le flux de parole recommença à se déverser.

Qui pouvait bien être cette femme au regard si froid. L’avait-il déjà vu ? Peut-être avant le néant… Avait-il été mauvais avec ces personnes avant le vide ? Qui sait… Il observa ses chaines qui tombaient derrière lui pour former un demi-ovale autour de la chaise. Pourquoi avait-il des chaines ? Est-ce que cela avait un quelconque rapport avec l’attitude de ses hôtes ?

-… Mais jamais je n’oserais défier Mrs. Winchester à la chasse aux chenilles sauvages. Ah ! Voilà notre hôte qui nous rejoint ! Halgazard se leva et s’inclina, retirant son couvre-chef. Madame.

Le jeune homme se retourna vivement en direction de la personne à qui l’homme parlait. Madame ? Le maire était une femme ! Il reconnut immédiatement la personne qu’il avait entrevue par la porte. Après quelques minutes de stupéfaction, l’adolescent se leva et imita Halgazard, allant même à soulever un chapeau invisible.

-Madame… Murmura-t-il.

Nana sentis le regard de l’homme se poser sur lui. Il devait probablement être étonné de voir l’adolescent prononcer un mot. Ou peut-être était-il seulement surpris qu’il est une voix.

Une fois son chapeau trouvé Madame le Maire resta quelques secondes de plus à la fenêtre. Elle posa sa main sur le carreau glacé de la fenêtre, ce jeune homme l’intriguait ou plutôt sa forme humaine. Elle n’avait pas le souvenir de l’avoir déjà vu auparavant, mais comme elle perdait un peu la tête depuis la tragédie qu’elle avait connue elle se demandait si le visage de ce jeune homme ne lui était pas familier. A cette époque, elle en faisait plus attention à grand-chose, elle était obsédée par sa vengeance et son cœur malade tombait en morceaux. Elle finit par revenir à la réalité de son monde et se coiffa de son chapeau sombre à plume de Dodo. Soulevant un peu sa longue robe pour ne pas se prendre les pieds dans celle-ci, elle descendit les marches de son grand escalier. Elle avait un regard absent, son visage froid et blafard lui donnaient un air triste qui ne la quittait plus depuis bien longtemps. Elle sortit par la porte de derrière qui donnait directement sur le jardin. Elle avança en fixant ses visiteurs et une fois arrivé à eux, une fois qu’ils eurent fini de la saluer rétorqua sèchement en voyant les chaines que porter le jeune homme.

- Et bien chacun porte ses chaines comme il peut… L’existence est donc sans pitié même avec les plus jeunes.

Une fois sa phrase terminée, elle releva comme un automate ses yeux vers le visage de ses visiteurs. Elle prit place sur la chaise de cœur, cette chaise était un peu son trône elle désirait toujours s’asseoir à cette chaise, face à ce même paysage. C’était un caprice que personne n’osait encore lui priver. Winston déposa les boissons qui lui avait êtes confié d’aller chercher avec en plus une assiette de cookies.

- Est-ce tous Madame ?
- Oui, merci bien. Vous pouvez disposer Winston.

Une fois servit, elle leva à nouveau les yeux vers ses invités et repris d’une voix plus douce, mais d’un froid encore grisant.

- Mon Cher Halgazard, voilà belle lurette qu’on ne vous avez point vu dans les alentours en même temps je sors si peu… Votre visite m’égaie et me surprend toute fois. Quel bon vent vous pousse donc dans ma modeste résidence ?

Le goût des sorties lui avait passé ces temps ci, elle préférait rester dans sa demeure à ressasser les souffrances du passé. Elle n’arrivait pas à faire le deuil et n’avait en même temps pas envie de le faire. Elle préférait rester pour le moment en suspend, à croire que tout cela n’avait était qu’un mauvais cauchemar et que bientôt tout redeviendrait comme autrefois. Elle n’avait pas envie de changer son petit train train habituel et n’était pas encore prête à tourner la page sur les faits du passé. Elle se laisser porter pour le moment pas les flots de sa vengeance obsessionnelle qui depuis peu venait de refaire surface en apprenant que son traitre de chapelier avait eu une fille avec une humaine qui plus est. Elle avait éprouvé un si grand amour pour celui-ci que maintenant cela la rongeait dans les moindres recoins de son être. Un besoin de faire souffrir tous ceux qui était contre elle était né. Elle était prête du pire pour avoir ce qu’elle voulait même si cela la menait directement à son autodestruction. Ses yeux bleus fixaient toujours avidement ses invités en attendant une quelconque réponse de la par de l’homme spaghetti. Elle porta un cookie à ses lèvres, attendit un instant avant de croquer dedans et de boire une gorgée de thé qui lui avait êtes apporté.

À part le simple “madame” lancé plus tôt, Nana resta muet pendant tout le reste de la conversation. Il s’était rassis silencieusement- du moins, autant qu’il put avec le cliquetis des chaînes entourant ses poignets- Étrangement, celles-ci ne semblaient pas très enclines à réagir face à une présence féminine, ce qui n’était pas pour déplaire au jeune garçon. Halgazard devait avoir ajusté son monocle une bonne demi-douzaine de fois et semblait pour une fois assez muet. Nana crut à un moment de répit, mais il reprit ses d’anecdotes aussi inutiles que fades. Cet homme surprenait toujours l’adolescent de par sa grande variété d’histoire. En effet, sur les quatre-vingt sept potins et papotages qu’il avait eût le loisir d’écouter, pas une seule histoire ne se répétait. Alors qu’Halgazard se lançait à vive voix dans l’énumération des raisons qui le poussèrent à cesser de venir à la mairie, Nana porta son attention sur de petites limaces aux couleurs chatoyantes qui s’affairaient à peinturer les brins d’herbe de différentes couleurs. L’homme-spaghettis caressait nerveusement la tête de lièvre qui ornait sa canne et fini par sortir de son inondation d’anecdotes pour expliquer la raison de leur visite.

-Voyez-vous, il semblerait que ce jeune homme soit… perdu. Il n’a pas d’endroit où aller, il ignore même quel âge il a ! Bien que ce ne soit pas le premier, dit-il avant d’éclater d’un de ses rires solitaires qui faisaient monter et descendre sa moustache de façon assez hilarante jusqu’à ce qu’il se reprenne et poursuive son récit. Donc, ce genre de situation me laisse bien perplexe voyez-vous, car ce jeune homme semble en pleine forme et dans la fleur de l’âge, je me demandais si il ne faudrait pas l’envoyer… Au pensionnat.

Halgazard laissa la proposition en suspend, attendant une réponse de la part de son interlocutrice, sans doute.
Subjugué par l’acharnement des bestioles colorées, Nana ne releva la tête que pour croiser le regard hostile et, oserais-je dire, désagréable de la dame qui lui offrit sans préavis, une tasse de thé.
Il avait déjà refusé, avec peine, celle du major d’homme, il craignait cependant de donner une réponse erronée. L’adolescent lança un regard perdu au moulin à parole qui se tenait à sa droite, mais celui-ci se contentait de le regarder avec effrois. Visiblement, cette question sous-entendait beaucoup plus de chose qu’il n’y paraissait. Après un instant de réflexion, qui dura une éternité selon Nana, le garçon se racla la gorge, histoire de ne pas avoir une voix grave et rauque qu’il jugeait assez désagréable.

-Volontiers, madame. Dit-il en esquissant un sourire nerveux, redoutant la réaction de son interlocutrice.

Halgazard semblait lui aussi guetter un quelconque signe de la part du Maire qui semblait tenir à garder un suspense insoutenable, à moins que ce ne soit Nana qui voyait le temps se ralentir.

Dorothy n’écoutait que d’une oreille les excuses Halgazard pour son absence. Elle était bien trop occuper à commander des ordres à distance aux limaces et coloraient son herbe. Madame le Maire détestait au plus au point le vert, mais hélas l’herbe était verte et pour plaire à Madame il fait tout sauf du vert. Elle faisait aller les pauvres limaces de droite à gauche et de gauche à droite avec leurs pots de penture arc-en-ciel. Des que la moindre grimace se faisait sur son visage les limaces changeaient de sens, avançaient, reculaient à s’en tordre les antennes et tous cela pour enfin revenir au point de départ. En voyant la table sur laquelle était placé les tasses, elle trouva comme un vide et remarqua que le jeune homme n’avait pas prit de thé. Elle claqua des doigts et pointa le jeune homme, aussitôt une tasse, une théière, un dessous de tasse et une cuillère arrivèrent en courant sur leurs fragiles petites pattes et s’installèrent face au jeune homme. Une fois cela installé la table sembla à Dorothy plus remplit et comme pour ainsi dire parfaite à son goût. Puis elle fixa soudainement Halgazard quand il parla du pensionnat, avec un sourire machiavélique elle prit sa tasse de thé et en bu quelques gorgées très lentement et comme pour savourer ce moment elle leva les yeux au ciel en passant la fine pointe de langue sur ses lèvres pour les humidifier. Son sourire noir cachait bien des choses et ses idées ne pouvaient être encore que plus sombres.

- Oh ! Vouez-vous ça, le temps se rafraichit vous ne trouvez pas ?

Les limaces se figèrent soudainement et grelottaient ensembles. Dorothy tourna la tête vers ces étranges petites bêtes les écrasant de son regard noir. Elles reprirent vite fait leurs pinceaux et se remirent au travail. Elle ne répondait pas à la requête de ses visiteurs, elle préférait finir tranquillement son thé pour leurs répondre une fois qu’elle aurait finit. Un vent légèrement frai semblait provenir de la mare aux larmes qui se trouvait non loin d’eux à quelques minutes de bonne marche. Dorothy posa sa tasse et respira un grand coup cette odeur de sel humide qui venait se poser dans son jardin. Elle tapotait du bout de ses ongles la table magnifiquement sculptait en forme de champignon. Ses yeux fixaient l’un après l’autre les visages de ses deux invités, elle cessa d’un seul coup de sourire, son visage était de nouveau aussi glacial qu’un iceberg.

- Un pensionnat ? Vous connaissait un pensionnat vous ? Mmmm… Laissez-moi réfléchir. Mmmm … Non je ne vois pas de quoi vous voulez parler.

Elle marqua un nouveau temps de pause plus court que le précédent cette fois là. Puis elle reprit :

- Je sens que la Mare aux larmes va encore sortir de son lit ce soir. M’emfin revenons a ce jeune homme, le pensionnat que mon cher Barsa’ dirige pour Moon devrait faire l’affaire. Il serait dans un décor typiquement humain et aura sous la main des êtres comme vous et moi pour lui venir en aide au cas où.

Elle regarda alors le jeune homme qui accompagnait Halgazard et reprit une tasse de thé.

- Qu’en penses- tu ? Cependant je dois t’avertir d’une chose, si tu fais venir chez nous des êtres humains, tu perdras la tête. Tu peux contacter notre monde avec tous ce qui reflète ton reflet. Une fois que tu seras là-bas, va voire Barsanuphe Bartavelle, c’est le directeur du pensionnat et dit lui que tu viens sous mon autorisation. Quand à vous Halgazard vous serez son tuteur légal jusqu’à ce que je trouve quelqu’un pour ce jeune homme. Ai-je était suffisamment clair ? Ou un dessin serait la bienvenue ?

Elle leva les yeux vers l’homme spaghettis en attendant une réponse des plus favorables.

Un pensionnat? Décor typiquement humain? Faire entrer des humains chez eux ? Une marre aux larmes ?! Le jeune garçon commençait à avoir mal à la tête. C’était trop d’information en un seul coup. Il n’y avait pas d’humain ici ? Pourtant, certaines personnes semblaient humaines, bien que un peu extravagante. La mairesse avait été on ne peut plus clair, et pourtant Nana avait l’impression de nager dans une nappe de brouillard. Tout se bousculait dans sa tête.
Halgazard, quant à lui, resta sous le choc un instant. Il ne devait pas s’attendre à recevoir la garde de l’adolescent. Bien qu’il le trouve sympathique, il devait avoir plus important à faire que s’occuper d’un adolescent pré-pubère en pleine crise existentielle d’hormones et testostérones et toutes sortes de mot finissant en « ones ».
L’adolescent devinait parfaitement sa déception malgré le sourire qu’il s’affichait ouvertement. Heureusement pour lui, si le pensionnat était bien se qu’il croyait être, il ne le verrait que très peu et n’aurait pas à s’en soucier. Finalement, Halgazard retira son monocle pour le ranger dans sa poche et afficha un air ravi.

-C’est parfait, madame. Nous irons donc voir ce cher Barsanuphe afin de régler tout ceci. Lui expliquerez-vous où devrais-je lui faire parvenir une lettre ? Demanda-t-il.

Nana prit la tasse qui se tenait à présent devant lui avec méfiance, comme si il avait peur qu’elle lui saute dessus et en bu une gorgée. Il n’avait jamais été friand de se genre de boisson, mais il ferait une exception, puisque ce cas semblait particulier.
Alors que tout le monde semblait croire que la discution était finie, le jeune garçon prit la parole.

-Sans vouloir… vous importuner, en quoi consiste ce « pensionnat » ? Nana avait demandé cela avec toute la politesse dont il pouvait faire preuve.

Halgazard regarda le maire l’air de dire « Je peux m’occuper de lui expliquer si cette question ne vous intéresse pas. ». Nana se demanda s’il n’avait pas dit quelque chose de mal, mais attendit tout de même la suite des événements. Depuis qu’il avait émergé du vide, il avait acquis beaucoup de connaissance grâce à son ami, le vieil homme des bois. Mais il n’avait pas eu le temps de compléter son apprentissage à cause de l’incident. Jamais il n’avait entendu parlé de pensionnat.

Lady Dorothy claqua des doigts et aussitôt on vient lui remplir sa tasse. Elle regardait avec insistance le jeune adolescent, sa langue fourchue passa sur ses canines aiguisées. Notre Maire commençait à avoir faim et la présence de ce jeune être frai semblable à un humain lui ouvrait l’appétit. Elle but une gorgée de son précieux thé et s’éclairci la voix. Alors qu’elle allait parler, les chaises et la table se soulevèrent du sol. Les petites limaces colorées avaient appelé du renfort pour soulever la table et les chaises. Plusieurs cartes d’un mètre soulevèrent tous cela et les déposèrent plus loin dans une herbe de toute les couleurs sauf le vert. La jeune femme avait un sourire aux lèvres qui ne présagé rien de bon tellement il était malsain.

- Oui envoyé un courrier à Barsa’ il sera surement ravit d’avoir des nouvelles d’ici… Un pensionnat d’art jeune homme. On vous y apprendra tout les arts, leurs histoires, leurs secrets. L’art n’aura plus aucun secret pour vous par la suite.

La jeune femme s’était adossé au dossier de sa chaise et frottait ses doigts de sa main gauche entre eux prés de son visage. Son regard s’emblait déjà bien loin elle fixait le cou du jeune homme. Elle finit par le lâcher du regard et son attention se reporta sur l’homme spaghetti, en effleurant du bout de ses doits sa bouche. Elle semblait méditer sur quelque chose, elle hésiter d’envoyer un courrier à Barsa pour lui dire de surveiller ce jeune homme de prés ou de carrément se rendre elle-même avec son escorte au pensionnat. Après tout cela lui ferrait une sortie à moins qu’elle n’ait d’autres chats à fouetter dans ses cachots. Winston remarquant de loin l’instinct vampirique de la jeune femme qui peu à peu s’éveillait décida pour le bien de tout le monde de couper court cet entretient. Il déposa ses mains gantées sur les épaules de Dorothy, puis s’adressa aux invités.

- Madame est fatiguée, elle a besoin d’un peu de repos, revenez plus tard si vous avez d’autres questions.

- Mais non … Laisse ce jeune homme s’exprimer. Il est à croquer quand il réfléchit…

Les yeux de Dorothy devinrent semblables à ceux des chats. Les pupilles de ses yeux c’étaient allongées et son sourire grandissait. Ses mains se crispèrent et ses ongles se plantèrent sur la table. Le major d’homme serra alors les épaules de la jeune femme et fit signe de la tête aux deux hommes de partir et de revenir plus tard s’ils le désiraient. Il conduit ensuite la jeune femme à un de ses chapeliers beaucoup plus informé que lui sur les crises des vampires dans le même état que le Maire de Psycadelice. La pluie se mit à tomber, une pluie fraiche est salée qui décolora les belles couleurs de l’herbe du jardin. Demain les limaces devraient recommencer leur travail, il était sûr qu’avec de la peinture à l’eau les couleurs n’allaient pas tenir longtemps. Au loin on pouvait entendre d’étranges cries de douleur qui émaner du manoir. Quel horrible châtiment se subissait la jeune femme ? Pourquoi criait-elle ainsi ? Ses cries ressemblaient à des pleures ils étaient insupportables à entendre.

Déjà que cette femme lui faisait peur, son attitude commença à être de plus en plus inquiétante. Elle le fixait comme un affamé aurait regardé un repas fumant. Le poult du garçon s’accéléra, qu’est-ce qui se passait avec leur hôte ? Même le major d’homme avait anticipé quelque chose de mauvais. Avait-il dit quelque chose de mal? Ce devait-être le cas. Qu'avait-il bien pu faire qui la mette dans cet état... L'adolescent se mordit la lèvre.

« Hôte, tu es en danger. »

Une voix retentit dans sa tête, ce qui n’était certainement pas pour rassurer l’adolescent, qui résistait avec peine à l’envie de prendre ses jambes à son cou. Halgazard c’était rapproché furtivement du gamin et semblait sur le point de s’évanouir. Pourquoi tout le monde était-il aussi stressé.

« Il te faut partir hôte. »

Encore la voix, plus forte, plus sûre. L’avait-il déjà entendu ? Son regard se porta sur ses chaînes, il n’entendait plus la conversation extérieure. Comme si un mur le séparait du reste du monde. Hôte ? Un souvenir lui revint en mémoire. Avant le réveil, avant le noir, avant la mort de son ami, la voix. Il l’avait entendu. Allait-il encore se retrouver dans le noir ? Soudain, le regard de Nana croisa un regard bleu, tigré. C’était les yeux du maire. Que leurs arrivaient-ils. Les mailles de ses chaînes se munirent alors d'épines, comme une rose. La voix poursuivait, insistante, froide. La peur de Nana s'amplifiait de plus en plus, tout le monde craignait de plus en plus les actions de la femme qui semblait sur le point de lui sauter dessus. La voix hurlait à présent, provoquant une douleur abominable au jeune homme. Alors qu’il ouvrait la bouche pour crier, la voix de Halgazard lui parvînt :

- Je vais envoyer la lettre à Barsanuphe, merci beaucoup nous repasserons !

De longs bras aux mains gantées de noir enlacèrent Nana et trois petits coups frénétiques retentirent au sol avant qu’ils ne disparaissent dans un nuage de fumé grisâtre.

» L'arrivée au pensionnat.
» Une petite nouvelle?